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1968 : Guy Lux privé de télé, la France privée de « Jeux »

11 juin 2009 • Catégorie(s) : Story : les grandes dates

Mai 1968. En pleins préparatifs de la 4ème édition de « Jeux sans frontières », un vent de révolte se met à souffler sur la France. Les mouvements sociaux paralysent même la télévision qui doit renoncer à prendre part à la compétition paneuropéenne initiée par Guy Lux. Cette année-là, les Jeux se déroulent déjà dans la rue… 

Eté 1968. Vacances forcées pour Guy Lux, privé de “Jeux”. 
Eté 1968. Vacances forcées pour Guy Lux, privé de « Jeux ».
Il retrouve son ami et collègue Pierre Bellemare à Cap-Ferrat.

La France en ébullition

Enclenchée par une révolte de la jeunesse étudiante parisienne, la contestation gagne rapidement le monde ouvrier puis pratiquement toutes les catégories sociales et professionnelles du pays. Affrontements avec les forces de l’ordre, grève générale, ébullition intellectuelle contre les institutions et valeurs traditionnelles : « Mai 68″ fait date en France comme le plus important mouvement social de son Histoire contemporaine.

Très vite, la grève se propage aux personnels de l’ORTF. Du 17 mai au 23 juin, 12 000 personnes cessent le travail, à Paris comme en province, rendant impossible la production des émissions habituelles. « Jeux sans frontières », dont une manche éliminatoire est traditionnellement organisée en France, fait partie des programmes paralysés.

Au final, l’audiovisuel public est repris en main sans que les syndicats n’obtiennent d’avancées substantielles. Pire, la radio-télévision est le seul service public à subir l’épuration au lendemain des événements : les sanctions frappent un gréviste sur deux à l’ORTF, avec près d’une centaine de licenciements ou de mutations arbitraires.

Guy Lux au placard

Comme plusieurs de ses confrères producteurs, Guy Lux est mis au ban de la télévision. On lui reproche d’avoir soutenu l’élan reformateur : « Il fallait changer un certain nombre de choses dans l’organisation intérieure de la maison. Je suis apolitique. Je n’ai combattu que pour des réformes de travail, qui seront d’ailleurs, accordées avec le temps.« 

A l’ORTF, Guy Lux est producteur. Il ne peut pas, contrairement aux journalistes, être licencié. Contractuel, on peut ou non l’employer. Une aubaine pour les directeurs de la télévision à la botte du pouvoir : tous ses projets télévisés sont annulés. Les trois « Palmarès du temps passé » qu’il devait présenter depuis Deauville, Biarritz et Cannes tombent à l’eau. « Le Premier des Six », le nouveau jeu d’Armand Jammot, le créateur des « Chiffres et des lettres », se fera sans lui. Sa nouvelle émission, « Cette sacrée vérité », reste dans les cartons.

Le téléphone ne sonne plus. Fin juillet, il se décide à partir en vacances. Un repos forcé mais salvateur : « Je ne me suis jamais aussi bien senti, reconnaît-il, je suis en pleine forme. Ce break que l’on m’a imposé, j’en rêvais mais je n’en avais pas encore trouvé le courage ni la sagesse. Je ne peux pas me plaindre de cette mesure ; elle me permet de reprendre des forces.« 

Les Jeux sans Guy Lux et la France

« Jeux sans frontières » continue sans lui… et sans l’ORTF qui ne diffuse plus les émissions. Malgré cela, les équipes françaises poursuivent leur participation. Guy Lux regrette un tel gâchis : « Les mesures prises ne sont pas en rapport avec le but recherché. Dans une émission où, personnellement, je ne parais pas, comme les « Jeux sans frontières », je ne vois pas pourquoi l’interdiction s’est étendue à toute la série. Ce qui est drôle, c’est que cette émission se poursuit dans les cinq pays étrangers.« 

L’émission du mercredi 19 juin qui devait être produite par la France en direct d’Epinal est remplacée in extremis par une seconde émission tournée en Allemagne, à Siegen, le 28 août.

Guy Lux finira par revenir sur le petit écran. Sur la vingtaine de jeux, de magazines et d’émissions de variétés déposés en juin 1968 sur le bureau du directeur des programmes, quelques émissions verront finalement le jour. Quant aux « Jeux sans frontières », ils ne feront leur retour en France qu’à l’été 1970, l’ORTF refusant de prendre part à l’édition 1969 (qui ne comptera que cinq pays participants).

Auteur : Sébastien Dias
Extraits cités et photos : « Télé 7 jours », 1965. Tous droits réservés.

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