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YANN GOAZEMPIS, concepteur de jeux pour la France en 1997 (vidéo)

26 mai 2010 • Catégorie(s) : Interviews

A Budapest en 1997, la France fait son grand retour à « Jeux sans frontières ». C’est Yann Goazempis qui est chargé, pour France 2, d’imaginer une partie des jeux. Nous l’avons retrouvé à M6, où il a laissé son empreinte sur de nombreux succès de la chaîne : « Morning live », « Caméra café », « Nouvelle star » ou encore « Kaamelot »: c’est lui !  » Et puis d’autres trucs qui se sont plantés aussi, ça fait un bon équilibre !« , tient-il modestement à nuancer, en riant. Il a accepté de remonter le temps avec nous.

Comment devient-on concepteur de jeu ?

A l’époque, je travaillais à la régie publicitaire de Francetélévisions. Je produisais les petits films du genre « Darty présente la météo » et je m’ennuyais. Beaucoup.

Deux ans auparavant, j’avais par hasard écrit un jeu pour TF1 : « Télé délires ». [Diffusé le 15 juillet 1995, le pilote, présenté par Danièle Gilbert et Gérald Dahan, n'a pas connu de suite, NDLR.] Comme je m’entendais bien avec ma responsable chez Francetélévisions, elle m’a dit : « Tu devrais rencontrer les gens des variétés parce qu’ils relancent « Jeux sans frontières ». Comme tu as fait un jeu, vois-les ! » Et ça s’est fait comme ça : ils m’ont proposé d’être le représentant français et de cramer quelques neurones pour proposer des jeux pour l’édition 1997 de « Jeux sans frontières ».

Concepteur de jeu, comment ça se passe ?

Une fois par mois on avait des réunions à l’UER, à l’Eurovision, à Genève, avec les concepteurs mandatés par les autres pays participants. Il y avait des Hongrois, des Hollandais, des Portugais, des Suisses, des Italiens etc.

C’était une production européenne mais, en réalité, aux commandes, c’était une production hongroise. Avec un producteur, qui s’appelait Attila. Il me faisait peur : il s’appelait Attila !… (rires)

C’était très rigolo. On se retrouvait pendant deux jours. Chacun exposait ses jeux. Il y avait une mise en commun qui permettait de les enrichir et puis surtout de prendre en considération les contraintes de filmage et de budget. Le plateau n’était pas gigantesque, ça ne faisait pas la taille de 3 terrains de football. Il fallait raisonner en 3D avec des éléments verticaux plutôt que des éléments qui se déroulaient sur des kilomètres et des kilomètres.

Vous inspiriez-vous des « Jeux sans frontières » du passé ?

Pas du tout ! En même temps, je pense qu’inconsciemment je l’ai fait parce que je regardais « Jeux sans frontières » quand j’étais petit. Forcément, j’avais en mémoire ce qu’était « Jeux sans frontières », quel était le type d’épreuves.

Interrogation surprise : êtes-vous capable de nous citer un souvenir précis de l’époque ?

Oui, très précis, enfin presque : je me souviens du nom des arbitres… Ils étaient italiens : Luigi et Gennaro !

En réalité, Gennaro Olivieri et Guido Pancaldi, et non Luigi, étaient suisses. Yann a toutefois insisté avec malice : « Mais il n’y avait pas un Luigi ?! Il me semblait qu’il y avait un Luigi… » Eh bien non. Un juge de touche, peut-être ?

Les secrets d’un bon jeu

« Jeux sans frontières », c’est un programme familial, que les parents peuvent regarder avec les enfants, sans avoir honte ou sans que ce soit choquant. Il faut avant tout que ce soit divertissant et spectaculaire.

Selon moi, « Jeux sans frontières » fonctionnait pour deux raisons. D’une part, le côté rigolo des costumes : les mecs avaient l’air un peu ridicules. J’aimais bien les voir se déguiser en carotte ou en saucisse de Strasbourg pour tomber dans une choucroute. D’autre part, l’équilibre précaire : on se gaufre assez régulièrement et c’est assez marrant. Quand on a réuni ces deux choses-là, à priori ça marche.

Après, il faut raconter une histoire. L’idée était que soient véhiculés à travers les jeux une partie de la culture ou du patrimoine de chaque pays représenté.

Et puis, il ne fallait pas que ce soit trop dangereux. Et c’est là qu’on voit maintenant avec les jeux japonais, comme « Takeshi’s castle », ou d’inspiration, comme « Total Wipeout », que les curseurs ont considérablement été repoussés : les gars se font super mal ! On se fait mal, mais ce n’est pas grave, on se prend des gamelles en veux-tu en voilà, on tombe de très haut… Mais même « Intervilles », moi, la vachette, j’irais pas !

La longévité d’ »Intervilles » : les vachettes ont-elles fait la différence ?

« Intervilles » a un côté plus concernant que « Jeux sans frontières ». « Jeux sans frontières », c’était la dimension européenne. Et on a vu récemment que la problématique européenne était assez éloignée des gens, ce n’est pas quelque chose qu’ils s’appropriaient facilement. [En 2009, les élections européennes ont enregistré un taux d'abstention record en France, NDLR].

En revanche,  »Intervilles » fait très fort avec son côté « guerre des clochers », qui est formidable et qu’on retrouve au foot, lors d’un vrai affrontement comme Saint-Etienne/Lyon ou OM/PSG. Savoir si on va gagner contre les Slovaques, les Portugais ou les Grecs : l’enjeu est moindre, moins parlant, moins quotidien.

Pourquoi la France ne gagnait-elle presque jamais ?

Les candidats français étaient super dilettantes. Pour eux, c’était une bande de copains à qui on payait un séjour à l’étranger. Budapest, c’était une très jolie ville, c’est extrêmement agréable. Le Portugal également : Lisbonne, c’était super. Donc les gars, ils sont là pour faire la fête entre copains, et puis accessoirement il y a un jeu à faire. Pour les autres pays, ce sont les Jeux Olympiques. Les mecs sont super entraînés, avec une hygiène de vie irréprochable, ils ne sortent pas la veille. Ils prennent ça très très à coeur.

Nous, il y avait un côté colonie de vacances, mais sympathique d’ailleurs. Je me souviens de gars du Sud-Ouest qui avaient un sens de la fête assez aigü, très entraînés à ce niveau-là, moins sur le plan athlétique !

J’ai le sentiment que c’est un peu pareil à l’Eurovision. Il y a des pays pour qui ces télé-crochets comptent énormément parce que c’est une manière de s’exporter aux yeux des autres. C’est une vitrine. En France, l’enjeu est moindre car on est déjà servis avec « Star Academy » et « Nouvelle Star ». Alors que c’est un vrai rendez-vous très très très important dans certains pays, plus petits, plus récents avec l’éclatement des pays de l’Est, de s’affirmer et de gagner, c’est valorisant pour eux.

Les « Jeux sans frontières » pourraient-ils revenir aujourd’hui ?

A l’époque de « Jeux sans frontières », il n’y avait que 4, 5 chaînes. Aujourd’hui, il y a une multitude de concurrents. Les téléspectateurs se sont habitués à d’autres choses. Il faut aller dans le plus spectaculaire. Et le plus drôle. Il faut moderniser un peu tout ça, et c’est normal d’ailleurs.

Bio express :

  • 1995 : Yann écrit un jeu pour TF1 sur l’histoire de la télévision : « Télédélires ». L’émission-test n’obtient pas le succès escompté et n’est pas reconduite.
  • Automne 1996 : Il quitte la régie publicitaire de Francetélévisions pour concevoir les « Jeux sans frontières » 1997 pour France 2.
  • Printemps 1997 : Il rejoint la société de production Coyote, dirigée par l’animateur Christophe Dechavanne. Il conçoit le talk-show « Du fer dans les épinards ».
  • Rentrée 1997 : Il intègre la direction des variétés de M6, aux côtés de Thierry Bizot.
  • Depuis, il a poursuivi sa trajectoire professionnelle au sein du groupe M6 : il est d’abord promu directeur des divertissements puis crée le pôle fictions d’humour, l’une des marques de fabriques de la chaîne depuis le succès de « Caméra café » et « Kaamelot ».

Nous remercions chaleureusement Yann Goazempis pour sa disponibilité.

Reportage : Sébastien Dias, David Pellegrini

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  1. J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…

    Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…

    Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale

    Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!

    Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…

    Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!

    Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…

    Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!