Jeux sans frontières | JSfnet.fr

Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

.

DUBRAVKA « DUCA » MARKOVIĆ, présentatrice yougoslave en 1990

22 sept 2009 • Catégorie(s) : Interviews

En 1990, Dubravka « Duca » Marković présente la version yougoslave de « Jeux sans frontières ». Elle est alors au sommet de sa popularité. Mais comme l’émission, la carrière de Duca a été victime de la guerre et des régimes en place. Nous l’avons retrouvée : parfois, la petite histoire rejoint la grande.

Dubravka "Duca" Markovic

Sébastien Dias (JSfnet.fr) : En 1990, vous êtes choisie par la télévision yougoslave pour présenter « Jeux sans frontières ». Comment cela s’est-il passé ?
Dubravka « Duca » Marković, présentatrice pour la Yougoslavie (1990) : Quand la RTB (Radio-télévision Belgrade, aujourd’hui RTS), m’a appelée pour faire « Jeux sans frontières » , j’étais une animatrice très célèbre car je présentais l’émission musicale la plus populaire en ex-Yougoslavie : « Hit meseca ». Et quelques mois plus tôt, j’avais failli présenter le Concours Eurovision de la Chanson à Zagreb.

JSfnet : Pourquoi cela ne s’est-il pas fait ?
D.M. : Les dirigeants de la télévision yougoslave ne voulaient pas d’un présentateur serbe en Croatie une semaine après la victoire de Franjo Tudjman [leader indépendentiste croate et premier président de la République de Croatie, NDLR] aux premières élections post-communistes. L’aile radicale oustachie avait menacé de me tuer sur scène. J’étais en coulisses, pour honorer mon contrat, mais pas sur scène. J’ai longtemps tenu cette histoire secrète, pour éviter que l’aile radicale serbe ne l’utilise à des fins de propagande.

JSfnet : A quoi ressemblait la version yougoslave de « Jeux sans frontières » ?
D.M. :  C’était absolument pareil qu’en France, en Italie ou au Portugal :  »Jeux sans frontières » suivait des règles très strictes et chaque pays devait suivre les standards de l’UER en matière de jeux, de présentateurs ou encore d’hébergement… Cependant, les émissions yougoslaves étaient peut-être mieux produites que dans celles d’autres pays. Chez nous, les « Jeux » étaient diffusés en fin de semaine en prime time : un énorme succès !

JSfnet : Quel est votre meilleur souvenir ?
D.M. : Difficile de choisir : c’est la meilleure expérience télévisuelle de ma carrière. Peut-être, en Italie, l’excursion de Trévise à Venise, dans un vieux bâteau qui descendait la rivière, y compris les attaques de moustiques !

JSfnet : Et inversement, quel fut le souvenir le plus déplaisant ?
D.M. : Comme j’ai grandi sous le communisme, je n’aime pas que l’on sépare les gens par classes, par niveaux. J’ai donc été très déçue lorsqu’à Toulouse, on m’a clairement dit que j’étais une présentatrice et que donc je ne devais pas sortir avec des assistants de l’équipe.

JSfnet : Quel est le plus beau lieu que vous ayez découvert ?
D.M. : Les environs de Trévise.

JSfnet : Présenter « Jeux sans frontières », ce n’est pas de tout repos : les voyages, les tournages qui s’éternisent, le « jeu des présentateurs »… Qu’est-ce qui est le plus dur ?
D.M. : Présenter, c’est très plaisant. C’est surtout difficile pour les participants !

JSfnet : Comment s’est passée votre collaboration avec votre confrère Jovan Pavliček ? Êtes-vous toujours en contact avec lui ?
D.M. : Nous n’avons travaillé ensemble que sur les deux émissions enregistrées à Vrnjačka Banja, en Yougoslavie, car il parlait uniquement serbe. A l’étranger, j’étais seule. Je ne l’ai pas vu depuis un bout de temps mais il est toujours à la télévision serbe. J’espère qu’il va bien.

JSfnet : Quels souvenirs gardez-vous des présentateurs des pays étrangers ?
D.M. : De très très bons moments ! C’est bien mieux de voyager que d’accueillir : moins de travail et plus de plaisir à visiter les quatre coins de l’Europe.

JSfnet : En 1991, la Yougoslavie renonce à « Jeux sans frontières »…
D.M. : La guerre a éclaté dans notre pays et l’UER a chassé la RTB de l’association.  J’ai appris, au hasard d’une rencontre avec des anciens producteurs portugais de l’émission, que l’UER avait arrêté le jeu à la fin des années 1990.

JSfnet : A ce propos, pensez-vous que « Jeux sans frontières »  pourrait revenir à la télévision et en Serbie ?
D.M. : Il faudrait sûrement modifier les jeux aux goûts du XXIème siècle.

JSfnet : Existe-t-il une émission semblable en Serbie ?
D.M. : Pas exactement. FOX Serbie fait des émissions dans lesquelles des villes s’affrontent mais ça fait vraiment cheap, pas aussi glamour que « Jeux sans frontières ».

JSfnet : Aujourd’hui, vous travaillez à la radio…
D.M. : Après « Jeux sans frontières », en 1991, j’ai présenté de nombreux shows avant d’être considérée comme un problème pour le régime de Slobodan Milošević et d’être  mise à l’écart en 1992. J’ai alors organisé des concerts contre la guerre, j’ai eu un fils en 1993. J’ai écrit pour des magazines indépendants, en 2001. Je suis revenue à la télévision avec un show sur la tolérance, « Voice of reason », mais en 2007 j’ai eu un conflit avec le directeur général et je suis passée à la radio. C’est là que j’ai commencé, comme DJ, en 1980. Je m’amuse à nouveau en travaillant.

Entretien réalisé en août 2009.

Tags : , ,

Interviews > les derniers articles

Aucune Réponse »

  1. J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…

    Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…

    Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale

    Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!

    Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…

    Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!

    Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…

    Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!