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Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

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ARMANDO NOBILI, créateur de jeux, décors et costumes pour l’Italie

4 juin 2010 • Catégorie(s) : Interviews

Armando Nobili fait ses débuts à « Jeux sans frontières » en 1977 en tant que décorateur. Il sera présent jusqu’à la dernière édition de l’émission en 1999, devenant entre temps, au début des années 1990, le créateur des épreuves.

Dans le cadre de notre « Jour J…Sf », grande journée spéciale consacrée au 45ème anniversaire de la création de l’émission, nous avons interrogé le « maestro » sur les secrets de ses chefs d’oeuvre.

Nicolo’ Pillirone (JSfnet Italia) : Quel est le décor le plus compliqué que vous ayez réalisé ?
Armando Nobili, créateur de jeux, décors et costumes pour l’Italie et le Portugal : Ceux pour les émissions de Casale Monferrato [en 1992]. Le terrain de jeux était installé à l’intérieur d’un petit édifice et entouré de murs. Les jeux devaient être bien préparés afin de créer des structures au centimètre près. L’espace était tellement réduit que nous avons dû recourir à des structures pivotantes.

JSfnet Italia : Quel fut le plus grand plateau ?
A.N. :
Le plateau de Le Castella [en 1999] était immense, trop grand. Ensuite, venait celui de Stupinigi [en 1996].

JSfnet Italia : Et le plus petit ?
A.N. :
Hormis le plateau de Casale Monferrato, que j’ai déjà cité, je dirais Bellagio [en 1988]. Là-bas, à cause du manque de place, nous avons été obligés de construire des décors par-dessus les arbres. Les arbres étaient de petite taille mais ce n’était pas des arbustes.

JSfnet Italia : Quel fut le lieu qui s’est adapté le mieux à vos créations ?
A.N. :
Sûrement Stupinigi. Beaucoup d’espace disponible, très accessible, dejà entouré d’une enceinte, et le Pavillon de chasse était un excellent fond de décor.

JSfnet Italia : Etait-ce la ville candidate à l’accueil des émissions qui décidait le lieu où se dérouleraient les « Jeux » ?
A.N. :
Les villes qui se portaient candidates proposaient automatiquement des lieux qu’ils pensaient appropriés pour accueillir les « Jeux ». Mais, dans le même temps, on faisait des repérages pour trouver le lieu idéal. Dans le cas de Rome [en 1994] et Milan [en 1995], les « Jeux » se sont déroulés sur des sites différents de ceux préalablement présentés. À Rome, après avoir écarté l’hypothèse du Circo Massimo, on les a finalement faits à Piazzale Clodio. Confortable d’un point de vue technico-télévisuel parce que ça se trouve à deux pas du siège de la RAI mais c’était un terrain vague. Pour le rendre praticable, nous avons dû intervenir avec des tracteurs et des bétonnières.

JSfnet Italia : Les plateaux créés dans un lieu historique et artistique devaient-ils être abordés différemment ?
A.N. :
Et comment ! Dans des lieux facilement accessibles, il n’y avait aucun problème en dehors de la gêne provoquée par les moyens et les équipes techniques. Les problèmes naissaient lorsque le plateau devait être monté à proximité, ou à l’intérieur d’un bien artistique ou architectural, comme la Villa Manin [en 1993], le Château des Sforza [en 1995] ou le Pavillon de Chasse de Stupinigi.

On arrivait avec toutes sortes de moyens, ce qui provoquait des visites régulières et sévères de la part des conservateurs des lieux. Souvent, les édifices historiques ne servaient que de fond de décor mais dans le cas de Milan, où nous avons réalisé l’émission à l’intérieur d’un château, les décors étaient placés à trois mètres des murs et le sol surélevé, de façon à n’absolument rien endommager.

JSfnet Italia : Avez-vous eu peur que quelque chose ne fonctionne pas le jour de l’enregistrement ou, pire, en direct [avant 1982] ?
A.N. :
La peur était toujours présente, parfois même pour une futilité comme un noeud mal fait ou un mécanisme qui se grippait. Mais les jeux étaient étudiés et répétés, et en cas de problème sur la première série [1965 à 1982] on avait recours à une course en sac tandis qu’après, lors des émissions enregistrées de la seconde série, on intervenait.

JSfnet Italia : Quel est le décor dont vous êtes le plus fier ?
A.N. :
Celui de Casale Monferrato, à la fois pour les thèmes traités [le cinéma et la peinture] mais surtout parce que, comme je l’ai déjà dit, le manque de place avait obligé à tout étudier à la perfection. Et là, comme dans chaque lieu qui accueillait plus d’une émission, les décors qui servaient de toile de fond à la seconde émission étaient cachés derrière ceux de la première.

Ensuite, celui de Rome, où nous avions reconstruit des ruines romaines qui semblaient plus vraies que nature : beaucoup de gens m’ont félicité, surtout des étrangers, parce qu’ils pensaient que c’était des vraies.

JSfnet Italia : Combien de temps aviez-vous à disposition entre deux tournages, à l’époque où une ville accueillait plusieurs tournages ?
A.N. :
Très peu de temps, à peine quelques jours, parce que les décors et les jeux de la deuxième émission étaient imaginés en fonction de ceux de la première, et dans certains cas cachés par ces derniers. Et puis, comme les équipes techniques ne pouvaient pas être payées en déplacement à ne rien faire, il fallait enchaîner très vite les émissions ; du coup, ils ne rentraient pas chez eux.

JSfnet Italia : Pouvez-vous nous dévoiler les secrets des costumes que vous créiez ?
A.N. :
Chez soi, il est facile de penser que les costumes étaient là pour ridiculiser les joueurs, mais c’était faux. Ils servaient avant tout de protection en cas de chute puis ils devaient gêner le joueur et rendre le parcours plus difficile. Voilà pourquoi on utilisait du caoutchouc mousse. De même, les perruques cachaient en réalité des casques de protection.

JSfnet Italia : Quel souvenir gardez-vous de Popi Perani [créateur de jeux italien de la création de l'émission jusqu'en 1990, NDT] ?
A.N. :
Popi a été un excellent maître : il était génial. De par la facilité et l’originalité avec lesquelles il imaginait les jeux, et de par le sens de l’humour qui le caractérisait. Il avait toujours une idée prête, une solution facile ; il connaissait la dynamique des jeux et du timing.

JSfnet Italia : Serait-il possible aujourd’hui de créer des décors qui puissent surprendre le public tout en étant peu coûteux, une solution idéale pour un retour de « Jeux sans frontières » ?
A.N. :
Il faudrait revenir à l’ancien système où chaque pays accueillait sa propre émission, ou tout au plus deux émissions. Il faudrait également revoir les principes de la coproduction, et ne jamais chercher à mettre les petits plats dans les grands. Le plateau de Le Castella était beau à voir, mais peut-être trop complexe dans sa construction, donc difficile à gérer. Et contrairement aux années précédentes, c’était un lieu choisi a posteriori par la RAI et donc imposé. Cette année-là, nous avons largement dépassé le budget prévisionnel. C’était un lieu difficile d’accès, autant pour les moyens de production que pour les équipes de production et les concurrents. Mais au-delà de ça, les dernières années, trop de gens ont pris part à l’organisation, y voyant certainement un moyen de gagner de l’argent.

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  1. J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…

    Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…

    Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale

    Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!

    Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…

    Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!

    Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…

    Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!