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Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

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MARTIN MORLEY, créateur de jeux et décors pour le Pays de Galles en 1993 et 1994

22 oct 2010 • Catégorie(s) : Interviews

En 1993 et 1994, la télévision galloise fait appel à Martin Morley pour la création des jeux et des décors de ses trois émissions locales de « Jeux sans frontières », dont une finale : une proposition qui ne se refuse pas ! Nous avons retrouvé ce professionnel : il a accepté de revenir avec nous sur cette expérience.

Découvrez le travail de Martin dans notre page « Arrêt sur images » consacrée à Rhyl 1993

Kostas (JSfnet Grèce) : Aviez-vous déjà vu « Jeux sans frontières » avant de travailler sur le projet ?
Martin Morley :
Non, mais avant de concevoir les jeux en 1993, j’avais vu les décors des « Jeux » 1991 dessinés par Ian Watson et j’avais été très impressionné.

JSfnet Grèce : Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
M.M. :
J’avais déjà travaillé avec Robin Evans et Sue Waters, les producteurs de Ffilmiau’r Nant. Cette société de production, qui avait déjà fait deux saisons de « Jeux sans frontières » en 1991 et 1992, était très expérimentée dans les domaines du divertissement, du sport et de la fiction. Je viens de la fiction et « Jeux sans frontières » était le premier projet de ce type que je montais mais je pouvais compter sur l’énorme soutien de Robin et Sue.

JSfnet Grèce : Combien de personnes travaillaient avec vous ?
M.M. :
Nous étions une toute petite équipe de concepteurs : Jane Roberts, mon associée et assistante, et moi-même. Nous nous occupions des décors. Les costumes les plus importants étaient créés et supervisés par Jan Marshall avec qui, bien sûr, nous travaillions de manière très étroite. Après, évidemment, différentes sociétés étaient impliquées sur le projet. La plupart de ces équipes avait déjà travaillé sur les précédentes éditions, ce qui m’a été d’une grande aide étant donné que je m’essayais à quelque chose d’assez nouveau pour moi.

JSfnet Grèce : Quelle est la difficulté majeure du rôle de concepteur de jeux ?
M.M. :
Au début, je pensais que ça allait être quasiment impossible, mais comme il fallait très rapidement mettre sur le papier les idées de jeux, j’ai opté pour un style de dessin qui décrirait les jeux rapidement et facilement, en espérant les représenter aussi drôles que dans la réalité.

Robin, Sue, Jane et moi nous retrouvions tous les quatre lors de séances de brainstorming. Robin et Sue savaient ce qui était attendu et avaient déjà la plupart des idées pratiques. Mon travail consistait à les interpréter et à les adapter au thème. Les jeux d’ « Alice » étaient directement transposables, étant donné qu’ils devaient être basés sur les célèbres illustrations de John Tenniel pour l’édition originale du livre. Jane était une dessinatrice très expérimentée et sa principale tâche était de s’occuper de la décoration et de donner du sens à ce que j’avais imaginé.

JSfnet Grèce : Qui a choisi les thèmes des émissions : la chaîne ou vous ?
M.M. :
En 1993, les deux thèmes, Alice au Pays des Merveilles et les signes du Zodiaque, avaient été fixés à l’avance par Robin et Sue.

JSfnet Grèce : Combien de temps avez-vous travaillé sur le projet ?
M.M. :
J’ai été engagé au début du mois de janvier 1993 et les émissions ont été enregistrées au mois de juillet de la même année. La plus grosse partie du travail devait être prête pour début mars, afin d’être présentée lors de la réunion de production à Genève et approuvée par tous les coproducteurs. Cela permettait aux équipes de construction d’avoir le temps nécessaire, même si bien sûr il y eut des changements jusqu’à la dernière minute.

JSfnet Grèce : Pouvez-vous nous dire à combien s’élevait le budget de chaque émission ?
M.M. :
Je ne me souviens pas du chiffre exact mais cela semblait énorme au départ, puis pas assez quand il a fallu concrètement réaliser chaque jeu : beaucoup de choses à fabriquer en plusieurs exemplaires et suffisamment résistants, et pourtant la durée de vie de chaque élément était si brève…

JSfnet Grèce : Avez-vous rencontré des difficultés au moment de concevoir les jeux ?
M.M. :
La difficulté majeure était que je n’avais jamais réalisé quelque chose du même style que « Jeux sans frontières » et que je ne suis pas très sportif : je devais donc m’appuyer sur les conseils de Robin mais aussi de Denis Pettiaux pour savoir ce qui était physiquement possible.

L’autre difficulté, un vrai défi, était de donner de la variété à chaque jeu vu qu’à la base, il fallait toujours courir, grimper, tomber et se mouiller, et qu’il n’y a pas 36 façons pour que ça se produise. Chaque jeu durait environ 3 minutes, et n’importe qui, même le plus lent, pouvait parcourir une assez grande distance dans ce laps de temps alors que chaque jeu devait être contenu dans un espace assez petit.

Comme beaucoup de monde était impliqué dans la construction,  l’un des principaux défis était de s’assurer que tout s’assemblerait correctement lors de la livraison des différentes pièces sur le plateau. À Bodelwyddan, il y avait vraiment très peu de temps pour tester et ajuster les erreurs et il était très difficile de travailler sur le site lui-même car il était en pente. La première chose que nous avons donc eu à faire était de demander aux échafaudeurs de construire une vaste plateforme pour mettre le terrain de jeu à niveau. Et ça ne s’est pas fait gratuitement !

JSfnet Grèce : Combien de temps a-t-il fallu pour installer les décors sur le lieu de tournage ?
M.M. :
Impossible de me souvenir exactement de la durée de l’installation : environ six semaines, je pense, pour mettre en place les principaux éléments, puis une semaine pour réaménager les décors pour l’émission sur les signes du Zodiaque.

JSfnet Grèce : Y a-t-il eu des problèmes pendant l’enregistrement ? Dans ce cas, comment avez-vous réussi à les surmonter ?
M.M. :
Je ne me souviens pas de problèmes précis, excepté qu’il a plu de temps en temps, ce qui est habituel au Nord du Pays de Galles mais d’une certaine façon, c’était plutôt un avantage car ça donnait au plateau un aspect très brillant même s’il aurait été préférable qu’il fasse chaud et ensoleillé.

Je ressentais surtout un grand soulagement que tout soit là et fonctionne. Heureusement, la plupart des problèmes est survenue avant. Il y en a eu un très effrayant : quand l’un des échafaudeurs est venu au bureau nous annoncer que la structure d’échafaudages avait glissé. Il a fallu des compétences très pointues pour tout rétablir.

JSfnet Grèce : Êtes-vous fier du travail accompli ?
M.M. :
Quand j’ai commencé, je ne me sentais pas totalement à l’aise mais lorsque j’ai vu tout terminé, c’était très satisfaisant. Je me souviens que lorsque j’ai vu le travail accompli pour la première fois, je me suis dit que ça ressemblait à un tableau géant de  style Pop Art. J’étais autant concerné par l’apparence de l’ensemble du plateau que je l’étais par la mécanique des jeux. Et la manière dont on voyait les jeux les uns à côté des autres était très importante :  cela créait une atmosphère très amusante.

Oui, j’ai été très heureux de travailler sur ce projet. Je pense que maintenant, en ces temps difficiles, ces « Jeux sans frontières » apparaîtraient trop grandiloquents, mais c’était amusant à l’époque, même si c’était stressant. Et sur ce projet j’ai rencontré beaucoup de gens très compétents.

JSfnet Grèce : Vous souvenez-vous de quelque chose qui s’est produit pendant le tournage et que nous n’avons pas vu à l’écran ?
M.M. : Je ne saurais quoi dire. C’était très excitant de voir tout ça prendre forme et de voir tant de gens s’amuser autant.

JSfnet Grèce : De nombreux fans de « Jeux sans frontières » s’accordent à dire que les émissions produites par la télévision galloise en 1993 et 1994 sont excellentes et pensent même qu’elles font partie des meilleures. Qu’en pensez-vous ?
M.M. : À l’époque, je n’avais aucun élément de comparaison avec les autres mais j’étais très satisfait de savoir que notre travail avait été bien accueilli.

JSfnet Grèce : Quelles différences y a-t-il eu entre les émissions de 1993 et celles de 1994 ?
M.M. : La principale différence était que je savais à quoi m’attendre et que j’avais eu plus de temps pour y réfléchir, même s’il y a toujours des moments stressants nerveusement. Le site à Cardiff était plus facile pour travailler car il était plat. Etant donné qu’il s’agissait d’un site protégé, nous avons dû faire très attention à ne pas endommager la pelouse. Nous avons posé une surface blanche qui permettait à la pelouse de respirer et continuer à pousser. C’était parfait au moment de la pose mais comme nous l’avons posée environ un mois avant l’enregistrement, la pelouse avait eu le temps de pousser à travers et je n’ai jamais trouvé que ça rendait aussi bien que ça aurait dû, mais on ne pouvait rien y faire.

JSfnet Grèce : Quelle émission avez-vous préféré ?
M.M. :
Difficile à dire : probablement celles de 1993, car c’était la première fois. Les émissions étaient très différentes.  Les jeux de 1993 étaient basés sur des thèmes bien connus, tandis que la finale 1994 était plus dans l’air du temps et futuriste, pour les années 1990. Parmi mes jeux favoris, le jeu des échecs d’Alice était un gros défi, et la plupart des équipes n’a pas réussi à le terminer, mais c’était une idée amusante. Et sur la finale 1994, j’ai tout particulièrement aimé le jeu de la Tour Eiffel.

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  1. J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…

    Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…

    Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale

    Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!

    Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…

    Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!

    Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…

    Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!