MITO TREFALT, présentateur, producteur pour la Slovénie puis chef de projet international
12 nov 2010 • Catégorie(s) : Interviews •
En 1996 à Turin avec la productrice Dajana Makovec.
En 1997 à Budapest avec Neli Kapous, représentante de la télévision slovène.
Les plus jeunes d’entre nous se souviendront d’avoir lu son nom au générique entre 1994 et 1997. Responsable des programmes de divertissement de la télévision slovène, il accompagne les premiers pas de son pays, avant de se voir confier par l’UER la délicate mission de chef de projet. Il est chargé de suivre la mutation des « Jeux sans frontières », désormais enregistrés en un seul lieu. Les plus anciens l’ont aperçu en 1980 devant les caméras lors de l’émission tournée à Portorož, alors en terre yougoslave.
Read the interview in EnglishSébastien Dias (JSfnet.fr) : En quoi consistait exactement votre travail de chef de projet sur « Jeux sans frontières » ?
Mito Trefalt : Je suis devenu chef de projet sur décision du comité d’organisation. « Jeux sans frontières » traversait une grave crise : les coûts de production étaient très élevés et certaines télévisions, présentes depuis de nombreuses années, songeaient à se retirer. Il fallait sauver les « Jeux », les rendre plus intéressants mais faire baisser le budget dans le même temps : ce n’était pas simple.
Nous avons trouvé une réponse aux problèmes financiers en organisant tous les enregistrements sur un même lieu, à l’exception de la finale 1997. En comparaison aux éditions précédentes, où chaque émission était tournée dans un pays différent, les économies étaient importantes.
Pour rendre l’émission plus intéressante, nous avons formé un groupe de concepteurs de jeu. A chaque réunion du groupe, nous discutions des différentes propositions en essayant de les améliorer, les simplifier et les rendre plus compréhensibles. Nous avions également instauré des réunions après chaque répétition pour pouvoir faire des ajustements, changer des règles ou la durée des jeux et commenter le travail du réalisateur.
Dans l’ensemble, la responsabilité du succès de l’émission était partagée par tous les participants, ce n’était plus l’affaire d’un seul membre de l’UER. Être chef de projet n’était pas la chose la plus agréable : il était souvent très difficile de trouver des compromis à cause de forts intérêts individuels.
JSfnet.fr : Quelle était la spécificité de la version slovène de « Jeux sans frontières » par rapport aux autres versions européennes ?
M. T. : Les audiences réalisées par la version slovène, diffusée en prime time, étaient les meilleures de toutes. Nos audiences en 1994 feraient rêver n’importe qui aujourd’hui. La télévision commerciale n’était pas encore une menace. Même en 1996 et 1997, les audiences étaient comprises entre 30 et 40% et les parts de marché étaient bien sûr encore plus élevées.
JSfnet.fr : Votre meilleur souvenir est sans doute l’unique émission tournée en Slovénie, en 1994…
M. T. : En 1994, la télévision slovène produisait un show international de cette envergure pour la première fois. A l’époque, j’étais aussi inexpérimenté que mon équipe mais nous avons compensé ce manque d’expérience par un grand enthousiasme.
Si les jeux étaient intéressants, et par certains aspects réussissaient à faire rire le public, et si nous accélérions l’enregistrement, notre pari était gagné. Et ce fut le cas. Nous avons fait attention aux moindres détails et nous avons créé des jeux en nous inspirant de notre histoire, nos légendes, notre agriculture, l’apiculture, l’architecture, le commerce du vin, l’élevage de chevaux etc.
Nous avons été heureux de produire ce show et les coproducteurs ont été satisfaits.
JSfnet.fr : Combien de personnes travaillaient dans votre équipe et combien de temps avez-vous travaillé sur le projet ?
M. T. : Une quarantaine je crois. Le projet nous a occupés pendant six mois, ce qui ne signifie pas que les 40 personnes n’ont rien fait de l’année en dehors des « Jeux sans frontières ». « Jeux sans frontières » s’ajoutait au planning de travail habituel.
JSfnet.fr : Vous avez travaillé avec votre fille, Špela. Etait-ce plus simple ou plus difficile ?
M. T. : Cela n’a posé aucun problème.
JSfnet.fr : Cette émission est, je pense, la seule dans l’histoire de l’émission pour laquelle une chanson originale a été créée…
M. T. : Je ne peux pas garantir qu’il s’agisse du seul cas mais c’est en tous cas quelque chose qui a surpris les coproducteurs. La chanson, un hit à l’époque, avait été composée par Slavko Avsenik junior, le fils de notre célèbre compositeur Slavko Avsenik senior.
JSfnet.fr : Si les éditions 1996, 1997 et 1999 avaient été itinérantes, comme 1994, pensez-vous que la Slovénie aurait organisé d’autres émissions ?
M. T. : Je ne pense pas. Le scénographe et le décor étaient les postes budgétaires les plus importants. Les coproducteurs ont sauvé les « Jeux sans frontières » en les transformant en une production « sédentaire ».
JSfnet.fr : Quel est votre plus mauvais souvenir ?
M. T. : Malgré toutes les réunions et discussions passées à préparer des jeux simples et clairs de façon à ce que les téléspectateurs puissent suivre facilement la compétition, je n’ai jamais réussi à convaincre un réalisateur qu’il était plus important de savoir qui avait gagné que de filmer un reflet de lumière sur les cheveux d’une participante.
JSfnet.fr : Selon vous, quel a été le plus beau lieu de tournage ?
M. T. : Pour être objectif, le plateau de 1996 à Turin. Sinon, Ljubljana 1994 !
JSfnet.fr : Plus de 15 ans plus tard, de quoi êtes-vous le plus fier ?
M. T. : Peut-être que fier n’est pas le terme exact pour exprimer mon sentiment par rapport aux choses que je juge importantes. En 1996, les « Jeux sans frontières » étaient dans une situation très préoccupante ; l’un des plus anciens projets de l’UER était en danger. Le nombre de pays participants n’était pas suffisant et les coûts étaient trop élevés. J’ai déjà expliqué comment nous avons réussi à réduire les coûts. Mais nous avons aussi fait remonter le nombre de participants (avec le retour de la France et des Pays-Bas), grâce au rôle très important, voire décisif, joué par Marie Carrard, de l’UER.
JSfnet.fr : Avez-vous des regrets ?
M. T. : J’entends parfois les gens dire qu’ils n’ont aucun regret et qu’ils auraient fait la même chose dans la même situation. Je ne suis pas de ceux-là. J’ai un tempérament assez colérique et j’ai tendance à dire les choses un peu trop directement.
JSfnet.fr : Quels souvenirs avez-vous des équipes des autres télévisions ?
M. T. : Mes meilleurs souvenirs sont liés aux producteurs gallois et hollandais. Ils travaillaient très bien. Ils étaient ouverts, avec une façon très moderne et créative d’aborder la réalisation, aidant à rendre les jeux plus intéressants. Après le travail, nous étions aussi bons amis.
JSfnet.fr : Pourquoi la Slovénie fut-elle absente des éditions 1995 et 1998 ?
M. T. : En 1994, nous voulions savoir si nous étions capables de participer en tant que coproducteurs. Nous avions besoin d’un an pour nous préparer avant de participer deux années de suite en 1996 et 1997. J’ai pris ma retraite après l’édition 1997 et je ne sais pas pourquoi la RTV SLO a décidé de se retirer.
JSfnet.fr : En 1999, les « Jeux sans frontières » se sont arrêtés. Partagiez-vous cette décision ?
M. T. : Non.
JSfnet.fr : Pensez-vous que c’est à cause du manque de financement ?
M. T. : Je ne sais pas, mais cela se peut.
JSfnet.fr : Les « Jeux sans frontières » étaient-ils trop chers pour la télévision slovène ?
M. T. : La Slovénie n’a que 2 millions d’habitants. Malgré une audience réduite, la télévision slovène pouvait se permettre une telle émission. C’était très cher, mais toujours en mesure de satisfaire un public très nombreux.
JSfnet.fr : Pensez-vous que « Jeux sans frontières » puisse revenir un jour à la télévision slovène ?
M. T. : « Jeux sans frontières » pourrait revenir dans n’importe quel pays qui y a déjà participé, mais avec beaucoup de changement.
JSfnet.fr : Existe-t-il en Slovénie une émission similaire ?
M. T. : Non.
JSfnet.fr : Sur quels projets avez-vous travaillé après « Jeux sans frontières » ?
M. T. : Il y a environ 10 ans, j’ai écrit pour la télévision slovène le scénario d’une série sur le thème du chômage intitulée « Entrée de bureau ». J’ai également créé le jeu « Ljubljana, capitale de l’Europe » à l’occasion de la présidence slovène de l’Union Européenne. Depuis six ans, je m’occupe de l’association « Dobrodelno drustvo France Trefalt » qui organise des galas de charité. Je prépare des événements dans ce cadre et je les présente.
Bio express :
- 1939 : Naissance à Kranj
- 1963-1966 : Comédien au Théâtre National slovène de Ljubljana.
- 1966 : Diplômé de théâtre, cinéma, radio et télévision à Ljubljana.
- 1959 : première émission radio.
- 1960 : première émission télé.
- 1966-1980 : Commentateur sportif.
- 1980-1995 : Présentateur et auteur d’émissions de divertissement.
- 1990-1994 : Chef du service divertissement de la télévision slovène.
- 1995-1997 : Chef du bureau divertissement de l’UER.
- 1996-1997 : Chef de projet de « Jeux sans frontières » à Turin, Budapest et Budapest.
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J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…
Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…
Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale
Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!
Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…
Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!
Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…
Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!