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DAPHNÉ BOKOTA, présentatrice grecque

31 mai 2010 • Catégorie(s) : Interviews

Dafni Bokota

Un pays, une voix. Lorsqu’elle apparaissait à l’écran, elle représentait à elle seule la Grèce. Nous avons retrouvé Daphné Bokota. Elle a accepté de revivre avec nous ses 5 ans de « Jeux sans frontières », dans le cadre de notre « Jour J…Sf », grande journée spéciale consacrée au 45ème anniversaire de la création de l’émission.

Lire le portrait de Daphné

Kostas (JSfnet Grèce) : Comment s’est passée l’entrée de la Grèce à « Jeux sans frontières » en 1993 ?
Daphné Bokota, présentatrice pour la Grèce (1993-1997) :
C’est grâce à l’UER, qui a mis en œuvre l’idée de Charles de Gaulle d’unir, après la guerre, les jeunes d’Europe grâce à la télévision. Les télévisions publiques étaient invitées à participer et co-organiser « Jeux sans frontières ». ERT a accepté la proposition et c’est comme ça que l’aventure a commencé.

JSfnet Grèce : Quels sont vos souvenirs de la première participation de la Grèce, en 1993 au Pays de Galles ?
D.B. :
J’ai de très bons souvenirs, et d’autres que je préférerais oublier ! Au début, on ne savait pas ce qu’il allait se passer, parce que l’organisation, c’est une chose, et la mise en oeuvre, c’en est une autre ! Je me souviens que les « Jeux »  avaient lieu au château de Bodelwyddan et que le temps a été épouvantable, surtout la nuit. Réussir à terminer la finale a véritablement tenu du miracle !

Ne pensez pas que j’exagère : ces deux émissions à Rhyl ont été traumatisantes. Ni les joueurs, ni nous n’étions encore entrés dans l’esprit du jeu… Les projecteurs se cassaient à cause du froid et de la pluie. Il y avait des bris de verre dans l’air. Moi, j’étais complètement emmitouflée mais ma voix ne sortait pas à cause du froid ! Je pensais aux joueurs qui étaient trempés et très peu habillés…  Mais en tous cas, l’expérience fut incroyable.

JSfnet Grèce : Il paraît que le tournage de l’émission grecque de l’édition 1994, à Poros, a également été très compliqué…
D.B. :
A Poros, nous avons commencé à 18 heures et nous avons fini à 7 heures du matin, après beaucoup de difficultés. Heureusement, le temps était de notre côté cette nuit-là ! Nous avions des problèmes avec la construction des jeux. Les équipements ont cassé, l’installation éléctrique a été endommagée et une petite vague a emporté les plateformes flottantes installées en mer, sur lesquelles quelques jeux devaient se dérouler. Ce fut une très belle production mais elle nous a incroyablement tourmenté.

Ce qui est positif, c’est qu’à l’écran, personne n’a rien vu ! Maintenant, quand je parle avec des collègues de Poros, ils ont oublié la souffrance et gardé un excellent souvenir de l’hospitalité grecque et de la belle île qu’est Poros.

JSfnet Grèce : En 1995, les premières victories grecques sont enfin arrivées. Aviez-vous constaté des différences au niveau de la préparation des équipes ?
D. B. : Je m’y attendais car les municipalités et leurs équipes entraient chaque année davantage dans l’ »ambiance ». Les joueurs étaient plus entraînés et sportifs, les équipes plus professionnelles. J’étais proche des équipes et j’ai pu constater deux faiblesses qui font partie de l’ADN grec, de Patras à Kalimnos, en passant par la Crète : notre difficulté à travailler en équipe et la plainte systématique qu’une injustice ait été commise contre nous. Heureusement, toutes les équipes grecques avaient également des qualités :  la convivialité, la volonté et la bonne humeur, très communicative, jusqu’au petit matin !

JSfnet Grèce : Pensez-vous que le choix d’organiser, en 1996, toutes les émissions sur un même site, a compromis le futur de « Jeux sans frontières » ?
D.B. :
Bien sûr, mais les coûts étaient énormes et l’aide de la RAI était indispensable. C’était la force de l’organisation : lorsqu’elle se mettait en retrait, le niveau baissait.

JSfnet Grèce : En 1997, vous renoncez à la présentation de « Jeux sans frontières », ainsi qu’au Concours Eurovision de la chanson. N’avez-vous jamais regretté ce choix ?
D.B. :
L’émission m’a beaucoup manqué mais mon fils, Nikos, est arrivé et j’avais alors d’autres jeux à faire… C’était une décision très réfléchie : pas de voyages jusqu’à ce que le petit grandisse. J’ai respecté ce choix et je ne le regrette pas.

JSfnet Grèce : Que ressent-on quand on a vécu les « Jeux » et qu’on se retrouve à les regarder comme téléspectateur ?
D.B. :
Cela n’a plus aucun intérêt ! C’est pareil aujourd’hui avec l’Eurovision : je vois non seulement le résultat final, à la diffusion, mais aussi les coulisses. Je sais ce qui va se passer, quand et pourquoi… mais je ne peux pas intervenir. Je n’aime pas ça.

JSfnet Grèce : Quel est votre meilleur souvenir de « Jeux sans frontières » ?
D.B. :
Les interminables nuits avec mes collègues, les conversations, les coups d’oeil sur la montre quand une émission s’éternisait et que le petit matin arrivait. Nous étions ensemble pendant tout l’été, de mai à septembre, avec de petites pauses. Comprenez donc que nous étions plus que des amis : une famille. Je me souviens qu’un jour, Ettore, le présentateur italien, m’avait crié de son poste : « Hé, Daphné ! On va renverser l’écran pour être premiers !« 

JSfnet Grèce : Quel est le plus mauvais souvenir de cette expérience ?
D.B. :
Il y a eu plusieurs moments d’irritabilité, d’anxiété et de fatigue. Je devais faire un voyage en Hongrie, mon vol partait à 3 heures du matin. Je n’avais que 4 jours en Grèce : le temps de défaire ma valise et laver le linge, il fallait recommencer. Ce jour-là, j’étais tellement fatiguée que j’ai donné un grand coup de pied dans ma valise pour l’envoyer dans les escaliers. Je n’ai pas oublié ce moment où je n’ai pas voulu repartir.

JSfnet Grèce : En 1997, des rumeurs indiquaient que Théssalonique était candidate pour l’organisation de la finale, qui s’est ensuite tenue à Lisbonne. Si l’information est vraie, pourquoi l’idée a-t-elle été abandonné ?
D.B. :
À cause du budget.

JSfnet Grèce : Quels étaient les critères déterminant le nombre d’émissions organisées par chaque pays ? La Grèce organisé un éliminatoire en 1993 et en 1994, puis deux en 1995, tandis que la Suisse n’en a plus réalisé aucune après les deux de 1993.
D.B. :
C’était encore une fois en fonction du budget. Réaliser une émission coûtait très cher : les installations étaient énormes et demandaient un savoir-faire spécialisé pour la conception et la construction. Les deux émissions suisses de 1993  ont été faites avec un budget limité, et nous avons eu beaucoup de problèmes.

JSfnet Grèce : Avez-vous gardé contact avec vos collègues des télévisions européennes qui ont participé aux « Jeux » ?
D.B :
On continue à se voir et à se parler, très souvent. Travailler avec des personnes d’autres pays a été extraordinaire, la plus ma grande chance de ma vie professionnelle. La moitié de ma carrière, j’ai travaillé avec les télévisions européennes. J’y ai appris le fonctionnement de la télévision et le métier de présentateur.

JSfnet Grèce : Ces dernières années, on a vu l’arrivée, sur les chaînes privées, d’émissions ressemblant à « Jeux sans frontières » comme « Total Wipeout ». C’est peut-être le bon moment pour le retour de l’émission…
D.B. :
Je vote pour ! Contrairement aux dizaines d’émissions de télé-réalité diffusées à la télé, « Jeux sans frontières » est une émission-experience pour les joueurs mais aussi pour les téléspectateurs. Je crois que les « Jeux » nous manquent et que les autres émissions de ce genre ne sont que de mauvaises imitations sans intérêt.

JSfnet Grèce : Pourrait-on imaginer une nouvelle émission dans l’esprit de « Jeux sans frontières », avec des villes grecques uniquement ?
D.B :
Moi, j’ai déjà une idée prête mais la télévision grecque s’intéresse à d’autres choses. Elle préfère dépenser beaucoup d’argent dans d’autres shows.

JSfnet Grèce : Certaines chaînes européennes ont dernièrement rendu hommage à « Jeux sans frontières ». La télévision grecque prévoit-elle quelque chose de semblable ?
D. B. :
Pour le moment, je ne pense pas. ERT doit trouver son chemin et enfin comprendre ce qu’elle veut faire. Elle doit decider et garder le cap. Elle peut et doit avoir un rôle clé dans le domaine télévisuel.

JSfnet Grèce : Qu’a représenté pour vous « Jeux sans frontières » ?
D. B. :
La plupart des gens m’associe au Concours Eurovision de la chanson, qui a représenté une grande partie de ma carrière mais les  »Jeux sans frontières » étaient la partie que je préférais.

Je pense que mes expériences, les contacts, les connaissances m’ont aidé comme personne. Ils ont changé la manière dont je voyais le monde et les choses, m’ont faite plus cosmopolite, plus proche des modèles européens. J’ai appris que dans le travail, il y a des règles, que le divertissement ne découle pas simplement d’une image mais de notre participation dans celui-ci. C’est-à-dire notre esprit et notre âme. Surtout de notre âme, racine étymologique du mot « divertissement » en grec.  C’est pour ça que je me sens blessée quand je regarde la télévision d’aujourd’hui, où ne comptent que les audiences. Jamais la pensée, le droit de choix, l’imagination, la sensibilité ou la compassion.

Remerciements : Christos Moustakas pour la traduction

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  1. J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…

    Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…

    Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale

    Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!

    Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…

    Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!

    Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…

    Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!