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Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

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IVAN FRÉSARD, présentateur suisse en 1992 et 1993

26 nov 2010 • Catégorie(s) : Interviews

En 1992, Ivan Frésard parcourt l’Europe pour les « Jeux sans frontières » de la Télévision suisse romande. Deux étés de complicité et de rire avec Catherine Sommer. Nous avons retrouvé le sympathique animateur.

Bio express :

Ivan Frésard naît à Neuchâtel, en Suisse, le 24 novembre 1966. À 16 ans, il participe à la grande aventure des radios libres en France. Il rejoint la Radio Suisse Romande en 1990 et devient animateur à la Télévision Suisse Romande en 1987. Pendant une vingtaine d’années, il va concevoir, produire et animer pas loin d’une centaine d’émissions de radio et de télévision autant dans le secteur public que privé, la plus célèbre étant « La Soupe Est Pleine » sur la Radio Suisse Romande.

En tant que journaliste, il réalise des reportages, notamment au Pérou, au Cameroun, en Guyane et en Egypte. Parallèlement il est comédien dans des films, séries, spots publicitaires et sur scène. Il compte enfin plusieurs expériences de réalisateur à son actif : clips, sitcoms, captations de théâtre… Actuellement, il termine, pour sa société de production Bulldozer, la réalisation d’une trentaine d’épisodes d’une mini-série humoristique destinée à la télévision et il prépare le tournage de son premier court métrage.

Sébastien Dias (JSfnet.fr) : Avez-vous hésité avant d’accepter « Jeux sans frontières » ?
Ivan Frésard, présentateur pour la Suisse Romande (1992-1993) : Pas une seconde. J’avais présenté une fois ou deux un jeu de loterie à la TSR, mais rien de cette envergure. J’ai vu ça comme une formidable opportunité de voyager et de rencontrer mes collègues des télévisions européennes. De plus, la perspective de passer mes étés avec Cathy Sommer, ma co-présentatrice et meilleure amie à ce moment-là était une autre énorme motivation. Notre complicité à l’antenne a été fantastique.

JSfnet.fr : Selon vous, quelle était la spécificité de la version suisse dans la manière d’aborder « Jeux sans frontières », notamment par rapport à la France ? L’une des deux émissions tournée à Loèche-les-Bains est disponible sur le site et nous vous y voyons commenter les jeux avec beaucoup plus d’humour, de distance et d’ironie que vos confrères étrangers…
I.F. : La version suisse des JSF se démarquait clairement par l’idée que nous voulions proposer un divertissement plutôt qu’un jeu de compétitions sportives à nos téléspectateurs. Les pays comme la France, bien que légèrement décalés dans leurs présentations malgré tout, mettaient l’accent sur la compétition. Cathy et moi, ainsi que les différents réalisateurs et le producteur, avons toujours vu les JSF comme une émission populaire de divertissement rassemblant tous les publics devant leurs téléviseurs. Dès lors, l’amusement et la distance nous semblaient indispensables pour réussir à divertir tous les publics. Et puis il y a sans doute mes souvenirs d’enfance, lorsque je regardais la première version des JSF avec mon grand-père, assis tous les deux dans le sofa, côte à côte. C’était un moment de partage. Nous rigolions beaucoup.

Cathy était indissociable de moi dans ces présentations voulues humoristiques et décalées. Nous nous amusions comme des fous à imaginer de petits scénarios qui nous permettaient de nous déguiser et de jouer différents personnages. Souvent tard le soir, lorsque nous étions sur les tournages à l’étranger, nous n’arrivions plus à nous coucher tellement nous regorgions d’idées. Cathy reste la personne avec laquelle j’ai eu le plus de plaisir à présenter.

JSfnet.fr : Quels souvenirs gardez-vous de vos autres confrères travaillant pour les télévisions étrangères ? Etiez-vous plus proches des Français ?
I.F. : Nous avions énormément de plaisir à nous retrouver tous ensemble dans des lieux si différents à chaque fois. Nous partagions les mêmes problèmes d’organisation selon les pays, les mêmes contraintes et les mêmes surprises. Il y avait beaucoup de solidarité entre nous et il n’était pas rare que nous nous échangions des idées ou des accessoires. J’avais beaucoup de plaisir à inviter mes amis présentateurs italiens, tchèques ou espagnols à participer à nos présentations comme « guest stars » !

Je me souviens pas avoir été plus proche de Georges Beller et Daniela Lumbroso que des autres présentateurs qui, soit dit en passant, parlaient presque tous français. Georges Beller venait souvent nous voir, mais c’était plus pour tenter sa chance avec la sublime Cathy que par amitié. Mais nous avons tout de même passé de belles soirées avec lui, nous racontant ses interminables aventures de comédien. Parfois plusieurs fois puisqu’il oubliait qu’il nous l’avait raconté dans un autre pays dix jours avant ! Quant à Daniela Lumbroso, elle n’a jamais été très sociable. J’avais le sentiment qu’elle n’était pas très à l’aise dans son rôle de présentatrice. Elle revendiquait souvent sa vraie fonction, celle de journaliste, ce qui nous la rendait un peu prétentieuse. C’était sans doute plus de la distance professionnelle.

JSfnet.fr : Avez-vous gardé contact avec des gens croisés sur ce projet ?
I.F. : Malheureusement, même si nous nous le sommes tous promis à la dernière émission, nous n’avons pas gardé contact. En revanche, j’ai croisé quelques fois tel ou tel candidat qui me rappelait que nous avions passé une soirée arrosée dans tel pays d’Europe. Il va sans dire que je n’en avais pas le moindre souvenir tant nous avons vu passer de candidats au fil des tournages et… des soirées arrosées surtout !

JSfnet.fr : Vous avez eu le « privilège » d’animer les deux seules émissions suisses tournées lors de la deuxième époque des Jeux (1988-1999). La télévision suisse italienne n’a jamais organisé d’émission par la suite. Gardez-vous un souvenir particulier de ce tournage ?
I.F. : Oui. Très particulier. À la suite de l’enregistrement de cette émission, j’ai reçu un avertissement de ma direction pour mauvaise conduite. Avertissement mérité, je dois le signaler avec le recul des années.

L’histoire brièvement : nous avions répété toute la journée, nous étions fatigué. L’enregistrement était prévu directement après la répétition pour profiter de la lumière du jour dans le souci de montrer nos belles montagnes helvétiques aux téléspectateurs européens (d’ordinaire, l’émission se tournait de nuit pour correspondre aux horaires de diffusion de la plupart des pays, à savoir aux environs de 20h30). À quelques secondes du lancement de l’émission, alors que la responsabilité d’être l’animateur principal d’un grand show diffusé dans toute l’Europe décuple la tension et la concentration, qui généralement nous submergent dans ces moments là, le régisseur stoppe le décompte sur ordre de la régie sans autre explication. Garder l’esprit concentré sans être maître de la situation est une vraie gageure…

Après 10 minutes d’attente, toujours sans explication de la régie, mon sang ne fait qu’un tour, je descends jusqu’au bureau de production dont j’ouvre la porte… avec le pied, d’un coup sec. Devant le parterre médusé des producteurs de tous les pays participants, ainsi que du grand patron de l’UER (rien de moins que l’Union Européenne de Radiodiffusion) je déclare qu’il est scandaleux de faire si peu cas du travail des équipes et de moi-même en arrêtant de la sorte l’enregistrement au moment de ma plus grande concentration, de surcroît, sans savoir pourquoi ni quand nous reprendrions. Imaginez les têtes dans le bureau ! Je n’ai pas eu le temps de les voir car j’ai été calmement évacué par le directeur des variétés de la TSR qui, tout en m’éloignant le plus loin possible du bureau pour éviter tout nouveau scandale, m’explique enfin que les Italiens ont parlementé ferme pour que l’émission se tourne de nuit et non de jour, eut égard à l’heure de diffusion dans leur pays. Après une bataille serrée avec la production de la TSR, ils ont eu gain de cause et nous avons attendu que le soleil se couche. Pas de montagnes en fond de décor des JSF de Loèche-les-bains, vous savez pourquoi aujourd’hui.

JSfnet.fr : Quel est votre meilleur souvenir ?
I.F. : Incontestablement les Açores. Un endroit magique. Des lacs volcaniques dans lesquels nous nous sommes baignés pendant nos pauses. Des vaches et des pâturages comme en Suisse, des nuages et la mer. Un décor improbable et unique. Puis l’ambiance et les petites bouffes que nous faisions en bord de mer avec Cathy et l’équipe. Il y a aussi l’ancienne Tchécoslovaquie. Tout s’est arrêté lorsque les haut-parleurs de l’ancien régime communiste ont annoncé que le pays se séparait en deux, la Tchéquie et la Slovaquie. Tout s’est passé sans violence. Des techniciens pleuraient, d’autres étaient abattus. Vivre ce moment sur place était incroyable.

JSfnet.fr : Et le pire ?
I.F. :
Le tournage en Hongrie fut particulièrement éprouvant pour moi dans la mesure où ce pays était encore en plein mode de fonctionnement communiste. Les téléphones, dans les très vétustes chambres d’hôtel, étaient factices, les restaurants quasi inexistants ou alors vides, les gens ne se livraient que difficilement et tout était extrêmement régi par un respect démesuré du protocole.

JSfnet.fr : Avez-vous des anecdotes drôles ou insolites du tournage ?
I.F. : Nous étions dans une ville de République Tchèque, la télévision de ce pays avait alors peu de moyens. Les prises de vue en piscine se faisaient avec des caméras tenues à bout de bras dans des aquariums. Les travellings avec des brouettes. Un petit public était venu supporter son équipe. Au beau milieu de l’enregistrement, la trop grande demande en énergie du plateau fait sauter le générateur que nous voyons exploser au loin. Nous avons passé la nuit entière a attendre tous dans la nuit en se réchauffant avec de l’alcool local ! Et, au petit matin enfin, nous avons pu terminer l’émission sans public mais avec de magnifiques feux d’artifice dans un très beau soleil naissant. Inutile de vous dire que nous n’avons jamais vu les feux d’artifice à l’image !

JSfnet.fr : Le rythme de tournage était-il éprouvant ?
I.F. :
Enchaîner les voyages et se réveiller chaque matin sans se souvenir dans quel pays ou dans quelle ville on s’est endormi, est une expérience unique. Comme nous étions toujours la même équipe, les points de repère restaient les mêmes. Je pense que ça devait nous rassurer d’être ensemble alors que nous changions de pays toutes les semaines quasiment. Etre loin de chez soi durant l’été alors que tout le monde cherche à partir, et, le plus souvent, paie pour ça, on ne va pas se plaindre quand c’est, en plus, gratuit et qu’on s’amuse !

JSfnet.fr : Savez-vous pourquoi la TSR s’est retirée après l’édition 1993 ? Étiez-vous au courant ?
I.F. : Je pense qu’il s’agit, comme souvent, d’un problème de moyens. La TSR est une petite télévision finalement. Une production comme JSF est très importante. Nous sommes revenus en 1993 car nous avions le support de nos compatriotes de la Radio Télévision Suisse Italienne.

JSfnet.fr : L’émission a été arrêtée en 1999. Pourquoi, selon vous ?
I.F. : Le principal obstacle était toujours le budget. Pour un pays participant, il est habituellement demandé par l’UER de produire deux émissions au moins. Et, si il gagne, de produire la finale. Cela signifie : conception de jeux, constructions de décor, aménagement de site etc. Un budget très coûteux pour seulement deux émissions. Seules de grosses télévisions peuvent supporter ce coût par la publicité qui rapporte beaucoup plus dans les grands pays.

JSfnet.fr : Pensez-vous qu’un jour « Jeux sans frontières » pourrait revenir à la télévision, en Suisse ou plus généralement en Europe ?
I.F. :
Rien n’est impossible. On voit de plus en plus d’anciennes émissions renaître de leurs cendres depuis un an ou deux. JSF me semble être un excellent concept fédérateur d’une Europe qui en aurait bien besoin en ce moment.

JSfnet.fr : Avoir présenté « Jeux sans frontières » a-t-il été un atout ou un handicap pour la suite de votre carrière ?
I.F. : Un atout je pense. L’émission a toujours été bien notée par les téléspectateurs partout en Europe. J’y ai appris beaucoup de choses, notamment sur le fonctionnement des autres télévisions. Etre animateur de JSF, alors que je regardais ce jeu étant petit, ce fut un honneur et une chance.

Pour mieux connaître Ivan, visitez son site officiel
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  1. J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…

    Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…

    Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale

    Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!

    Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…

    Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!

    Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…

    Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!