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Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

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RON BOSZHARD, présentateur néerlandais en 1998

26 mar 2011 • Catégorie(s) : Interviews

En 1998, TROS, qui produit « Jeux sans frontières » pour la télévision publique des Pays-Bas dépêche à Trento un animateur monté sur ressorts : Ron Boszhard. Nous avons retrouvé cet envoyé très spécial.

Kostas (JSfnet Grèce) et Alan Hayes (JSfnet GB) : Comment êtes-vous arrivé à la présentation de « Jeux sans frontières » ?
Ron Boszhard, présentateur pour les Pays-Bas (1998) : On m’a tout simplement demandé si je voulais présenter « Jeux sans frontières ». Au départ, je n’ai pas vraiment réalisé que ça se passait en Italie. Mais j’ai toujours aimé l’émission, j’étais donc vraiment excité à l’idée de la faire.

Kostas et Alan : Quels souvenirs avez-vous des « Jeux sans frontières » des années 1970 ?
R. B. : Je les regardais très souvent quand j’étais enfant. J’ai rencontré à plusieurs reprises Dick Passchier, qui les présentaient pour la NCRV : il a comme moi beaucoup aimé faire cette émission.

Kostas et Christos Moustakas : Quel sont vos meilleurs souvenirs de « Jeux sans frontières » ? Et à l’inverse, y a-t-il eu de mauvais moments ?
R. B. : Je me mettais toujours dans la position du supporter, très chauvin, espérant bien sûr que les Pays-Bas aillent le plus loin possible. Parfois, ils sont passés tout près de la victoire… Je me souviens aussi du très grand nombre de caméras, c’était impressionnant. L’Italie était en charge du tournage mais chaque présentateur avait aussi sa propre équipe, qui jouait des coudes pour filmer ses propres joueurs.

Quant aux mauvais souvenirs, je n’ai aucun en mémoire. C’est une question difficile car depuis 1998, il y a certains détails que j’ai oublié.

Ischa Bijl (JSfnet NL) : Ne pensez-vous pas que Denis et les autres juges étaient un peu trop sévères ?
R. B. :
Bien sûr, vous n’êtes parfois pas tout à fait d’accord avec leurs décisions, mais ce n’est qu’un jeu télé et ils n’étaient pas si sévères. Je n’ai pas eu le sentiment que le jeu était truqué, et c’est le plus important.

Kostas : Que représente « Jeux sans frontières » pour vous ?
R. B. :
Ce fut une expérience incroyable. J’y ai beaucoup appris et je suis heureux que l’on m’ait permis de les présenter.

Kostas et Christos : Est-ce une émission difficile pour le présentateur ? Avez-vous eu du mal à certains moments ?
R. B. : Pas du tout, ce sont les joueurs qui sont au centre de l’émission. Présenter cette émission est un honneur : vous n’avez qu’à suivre les joueurs et tout va comme sur des roulettes. Inutile de travailler très dur pour créer quelque chose à partir de rien car là, il y a déjà quelque chose de très bien à la base ! C’est très excitant : comme nous les Néerlandais sommes très chauvins, on se prend tous au jeu et on veut gagner. Ça plaît aussi beaucoup aux enfants.

Alan : Connaissiez-vous votre prédécesseur, Jack Van Gelder ? A-t-il été difficile de prendre sa place ?
R. B. :
Je connaissais très bien Jack et j’étais aussi l’un de ses fans, notamment de ses commentaires à la radio lors des Coupes du monde et d’Europe de football. J’en avais parlé avec lui : il ne voulait pas continuer. Ce n’était pas compliqué pour moi de le remplacer : c’est dur de remplacer quelqu’un qui veut faire quelque chose mais qui en est privé, et là ce n’était pas le cas. Il ne se considérait pas présentateur. Il m’avait dit : « Laisse-moi juste faire le commentaire. »

Ischa : Jack est-il venu à Trento ou a-t-il fait le commentaire plus tard ?
R. B. : Jack a fait le commenatire après. J’étais là pour l’observer et je suis resté bouche bée. Il s’assoit, prend quelques renseignements et commente tout d’un trait, sans rien refaire. C’est un métier !

Kostas et Christos : Vous avez dû travailler avec des personnes originaires de différents pays. Comment cela s’est-il passé ? Vous rencontriez-vous souvent ?
R. B. : C’est parfois difficile, c’est une énorme production et il y a la barrière de la langue. Cependant, comme chaque présentateur est sur son « île », on ne se voit en réalité pas beaucoup. Les producteurs et les réalisateurs assuraient le suivi et nous faisions l’émission sur leurs indications. Il n’y avait pas de réunion entre les présentateurs.

Kostas : Êtes-vous encore en contact avec d’autres présentateurs de « Jeux sans frontières » ?
R. B. : Non.


Ron (en bleu) entouré des animateurs et arbitres de « Jeux sans frontières » 1998 (Archives personnelles)

Alan : Avez-vous testé certains jeux ?
R. B. :
Non. Par exemple, si les équipes arrivaient le lundi, les jeux étaient testés le mardi, le mercredi était un jour de repos et nous venions enregistrer le jeudi. Le vendredi, tout le monde partait déjà. En fait, je ne voyais les jeux que le jour du tournage, donc j’arrivais très tôt et je faisais le tour des jeux pour essayer d’en découvrir le but.

Ischa : Quels étaient vos jeux préférés et ceux que vous aimiez le moins ?
R. B. :
Difficile de dire ceux que j’aimais le moins. Mais l’un de mes favoris, c’était le jeu des chefs qui devaient apporter des gâteaux de l’autre côté d’un plan incliné. Il y avait des poulets, des cochons et plein d’autres animaux qui glissaient sur la pente pour faire tomber les chefs. J’adorais ce jeu.

Je me souviens aussi d’un jeu où des girafes devaient prendre une feuille avec les dents et de celui de la chasse des renards, où les candidats devaient attraper des oeufs qui tombaient d’une citerne. En réalité, tous les jeux étaient réussis.

Ischa : Toute la série a été enregistrée sur un immense plateau à Trento. Combien de temps a-t-il fallu pour le construire et ensuite le démonter ?
R. B. : Je ne sais pas, je n’étais pas sur place à ce moment-là. Mais j’avais trouvé cela incroyable : même quand vous étiez très près, on aurait dit que c’était vrai. C’était magnifique ! C’était vraiment une ville qui avait surgi là tout à coup et je pense qu’une émission comme « Jeux sans frontières » méritait un si beau décor.

Alan : Que pensez-vous du choix d’avoir enregistré toutes les émissions au même endroit, au lieu de voyager comme dans l’ancienne version ?
R. B. :
Je préfère un seul lieu, car voyager avec une telle production est presque impossible.

Alan : À Trento, le temps a été souvent imprévisible. Qu’avez-vous ressenti le soir du premier tournage, lorsqu’un déluge s’est abattu sur le plateau ? La pluie présente-t-elle des inconvénients ?
R. B. :
Non, il n’y a pas eu de problèmes techniques, même si c’est vrai que l’on n’a pas eu de chance que le temps soit si mauvais pour ce premier épisode. Il pleuvait des cordes, ce qui n’est pas très beau à l’image. Je me souviens que nous avons commencé avec un peu de retard dans l’espoir que ça se calme un peu, mais ce n’a pas été le cas. Le pire, c’était pour le public présent : un petit groupe d’Italiens complètement « trempés ». Sur le plateau, il y avait des flaques d’eau partout ; il fallait être prudent et ne pas marcher trop vite, car le sol était glissant.

Alan : Les émissions ont été enregistrées entre fin mai et début août 1998. Êtes-vous resté à Trento pendant toute cette période ?
R. B. :
Si je ne m’abuse, je suis rentré que trois fois. Le reste du temps, j’étais sur place. Un mois à Trento, loin de ses deux enfants, c’est long !

Sébastien Dias (JSfnet.fr) : « Jeux sans frontières » est traditionnellement une émission d’été. Pourquoi aux Pays-Bas l’émission a-t-elle été diffusée en hiver ?
R. B. :
L’hiver, il y a beaucoup plus de monde devant la télévision. L’été, les gens sont en vacances donc la télévision publique préfère proposer des rediffusions. Nous avons fait une si belle émission que je pense que c’est bien mieux de l’avoir diffusée en hiver.

Kostas et Alan : Pourquoi les Pays-Bas ont-ils quitté « Jeux sans frontières » après l’édition 1998 ? Étiez-vous déçu de cette décision ?
R. B. : Pour une question d’argent. C’est dommage, je pense que l’émission méritait une nouvelle saison car nous avions obtenu de très bonnes audiences.

Kostas : Pensez-vous que l’émission pourrait revenir un jour à l’antenne ?
R. B. : Si tout le monde se met d’accord, il est toujours possible que l’émission revienne. Ce que j’avais compris, c’est que certains pays devaient payer plus que d’autres et c’était devenu trop cher. Ils se sont donc retirés.

Alan : Si ce retour est un jour possible, aimeriez-vous faire partie de l’aventure ?
R. B. : Si on me proposait de les présenter à nouveau, je serais très heureux. Mais c’est ma collègue Yolanthe qui a fait « Stedenspel » sur TROS, les nouveaux « Jeux sans frontières » entre la Belgique et les Pays-Bas. Cependant, l’émission est difficilement comparable avec celle que nous faisions.

Bio express :

  • Né le 12 novembre 1963, Ronald Boszhard fait ses débuts en tant que comédien et figure, en 1991, parmi les finalistes de l’Amsterdams Kleinkunst Festival, une manifestation qui récompense les meilleurs talents de la scène aux Pays-Bas.
  • En 1996, il commence à travailler comme animateur sur TROS, l’une des antennes de la télévision publique aux Pays-Bas. Il y présente de nombreux jeux et divertissements comme « Pluk de Dag » (« Cueille le jour ») jusqu’en 2003, une émission où il emmène des anonymes pris au hasard vers une destination inconnue pour une journée inoubliable. Pour ce show, il reçoit la Rose de bronze au Festival international de télévision de Montreux.
  • En 1998, il succède à Jack van Gelder aux commandes de la version néerlandaise de « Jeux sans frontières » (ce dernier en restant néanmoins le commentateur).
  • Depuis 2005, il présente l’émission « Z@ppSport » et depuis 2010, sa déclinaison footballistique « Z@ppSport Voetbal ». Depuis 2007, il est à la tête de la retransmission de l’émission évènement  »Te land, ter zee en in de lucht ».
  • Ron est également auteur de spectacles théâtraux et comédies musicales.

Propos recueillis par Ischa Bijl

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Une Réponse »

  1. J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…

    Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…

    Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale

    Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!

    Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…

    Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!

    Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…

    Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!