Jeux sans frontières | JSfnet.fr

Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

.

Pierre-Jean, ancien participant, raconte ses « Jeux sans frontières »

1 avr 2012 • Catégorie(s) : Mon JSf à moi : fans et anciens candidats

« Mon JSf à moi », c’est un coup de projecteur sur tous ceux qui ont participé à « Jeux sans frontières ».
Pierre-Jean Fèvre, ancien participant français, a accepté de nous faire partager ses souvenirs de l’émission.

Vous souhaitez nous raconter vos « Jeux sans frontières », écrivez-nous !

En 1976, Pierre-Jean et ses coéquipers de Toulon font le voyage à Milan où la RAI organise ses « Jeux sans frontières » dans l’enceinte du Palais des sports de San Siro. À l’issue du match, l’équipe se classe en cinquième position avec 33 points.

Plus d’infos et notamment 3 photos de l’équipe de Toulon dans notre page spéciale de la rubrique Arrêt sur images consacrée à cette émission

Le déclic

C’était un matin de printemps. Alors que je me levais, ma maman, qui lisait le journal, m’apprit que Toulon allait représenter la France aux « Jeux sans frontières ». Une épreuve de sélection aurait lieu sur un stade dans les environs de la ville. « Les inscriptions se feront à la maison des jeunes et de la culture, me dit-elle. Pourquoi tu n’y vas pas, tu devrais t’inscrire ». J’acceptai alors de relever le défi. Même si mon niveau sportif était au-dessus de la moyenne, je n’y croyais pas trop.

Les sélections

Pour la première sélection, beaucoup de pompiers, de militaires et quelques étudiants s’étaient présentés. L’épreuve, très physique, était un parcours du combattant à la sauce « Jeux sans frontières ». Nous étions 350 candidats, seuls les 15 meilleurs étaient retenus. À ma grande surprise, j’étais l’un d’entre eux.

J’étais heureux de cette première réussite mais rien n’était encore gagné : une deuxième sélection devait encore déterminer les 11 joueurs, dont deux remplaçants, retenus pour participer à l’émission. Ce n’est qu’au terme d’une nouvelle série d’épreuves également très physiques que j’eus l’assurance d’aller à Milan. Mais serai-je parmi les remplaçants ou bien dans l’équipe ?

La préparation

Nous avions commencé à nous entraîner dès l’issue de la première sélection, pratiquement un soir sur deux, selon qui travaillait et qui était en cours. Nous ne savions pas exactement ce qui nous attendait. Nous avions une vague idée des différents jeux qui allaient se présenter à nous mais sans plus d’informations. Alors nous travaillions tous les domaines : physique, agilité, souplesse… C’est à cette occasion que j’appris à me déplacer avec des échasses. C’était un exercice très amusant.

Menaces sur les Jeux

Le décès de ma grand-mère vint interrompre les entrainements. Elle ne vivait pas à Toulon mais dans le centre de la France. Je devais malheureusement m’y rendre pour assister aux obsèques. Le staff n’était pas très enthousiaste et faisait planer le doute : à mon retour, je n’étais pas sûr de reprendre ma place.

Une fois revenu à Toulon, je mis les bouchées doubles pour regagner la confiance de mes entraineurs. Je fus récompensé : j’allais faire partie des titulaires et, cerise sur le gâteau, j’étais nommé capitaine de l’équipe. Je ne pensais pas que cela puisse m’arriver, c’était merveilleux !

Mes parents aussi avaient du mal à croire ce qu’ils entendaient. La seule chose qu’ils avaient retenu, c’est que les « Jeux sans frontières » de Milan se dérouleraient entre les épreuves écrites et l’oral du Bac. Ma maman m’avait poussé à m’inscrire mais maintenant, la limonade n’était plus la même ! Cela semblait les embêter… Heureusement, en me voyant heureux de participer à ces jeux, ils se sont faits une raison et m’ont laissé partir.

Le jour du départ

L’enregistrement eut lieu au mois de juin 1976 pour une diffusion au mois d’août [en France, NDLR]. 6h45. Toute l’équipe était là sur les quais de la gare. Des survêtements, des chaussures, des tee-shirts avec les logos de notre ville nous étaient remis. Au son de nos guitares, nous grimpions dans le train, très fiers et heureux de représenter la ville de Toulon dans cette aventure.

À notre arrivée à Milan, un splendide hôtel nous attendait [l'hôtel 4 étoiles Leonardo Da Vinci, 6 via Senigallia, qui existe toujours, NDLR]. Toutes les équipes étaient sur place. L’installation se faisant, on courait de partout, pleins de vie et de fougue. Je quittais pour la première fois le domicile parental. Pour nous, l’équipe de France, ce sera le 7ème étage. Les chambres étaient belles et nous étions deux par chambre. Le séjour s’annonçait bien.

Le premier soir

Une soirée de bienvenue était organisée afin d’avoir le planning de la semaine, rencontrer les autres équipes et faire les présentations avec les personnalités qui nous entouraient. Parmi elles, Simone Garnier. Guy Lux, lui, était resté sur Paris. Nos dirigeants ne voyaient pas cette soirée d’un bon œil. Une consigne fut lâchée : il fallait retourner à nos chambres à 22 heures.

Nous fûmes la première équipe à quitter la soirée qui commençait si bien. Nous en étions frustrés. Avec les copains, nous nous disions « Pourquoi nous ? » Tous les autres dansaient, s’amusaient et nous, nous étions obligés de rentrer à nos chambres. L’envie de redescendre nous gagnait mais un responsable de l’encadrement surveillait le couloir assis sur une chaise. Même à l’armée, cela ne pouvait pas être pire ! Il n’y avait pas de solution, il fallait se coucher.

À ce moment-là, un « toc toc » se fit entendre aux volets de la chambre. C’étaient les pompiers. Ils avaient escaladé les balcons. « Les gars, venez avec nous, on retourne danser ! » Ils étaient gonflés : on était, ne l’oublions pas, au 7ème étage de l’hôtel !

Nous les avions suivi sans réfléchir, de balcon en balcon, c’était géant. C’était notre première épreuve des « Jeux » de Milan. Je suivais les anciens, ils avaient l’expérience de la vie, et j’étais fier de faire des conneries.

Premiers pas

Le lendemain, nous avons visité le grand stade couvert où allait se tenir le match. C’était grandiose : je n’avais jamais entendu parler en France de stade couvert de cette envergure !

Nous y avons découvert les différents jeux et surtout des costumes que nous allions revêtir. Une poule monstrueuse dans laquelle il fallait prendre place, un costume de cigogne ou l’on ne voyait pas grand-chose et avec lequel en plus il fallait avancer sur des échasses pour saisir un gâteau avec le bec, un costume de kangourou avec lequel il fallait courir le plus vite possible et ramasser des médailles… Tout cela était diabolique mais fascinant.

Le soir, à la première répétition, on découvrait le poids des costumes, la chaleur qu’il faisait à l’intérieur, l’utilisation du bateau avec la cage qui devait emprisonner le kangourou lors du fil rouge. Pour notre première sortie avec ce bateau bizarroïde, très dur à manipuler, nous avons couché une caméra, sans le faire exprès naturellement ! L’entrainement que nous avions eu n’était que de la rigolade. Les choses sérieuses commençaient. On en bavait mais c’était génial, on y était, on y croyait.

Souvenirs, souvenirs

Le deuxième soir, une nouvelle réunion entre les équipes fut l’occasion de l’échange protocolaire des cadeaux. Beaucoup de consommables : de la part des Anglais, une chopine contenant quelques spécialités ; chez les Suisses, des produits du terroir ainsi qu’un petit fanion… Le Maire de Milan nous a en outre remis une très belle médaille aux armoiries de la ville ainsi qu’un petit lingot d’argent gravé à l’effigie des « Jeux sans frontières » 1976.

Malgré la barrière de la langue, nous faisions de plus en plus connaissance avec nos rivaux. Il est vrai que nous étions plus avec les Suisses [du petit village de Roche, NDLR], francophones, bons vivants et en plus au même étage ! Le soir où nous n’avions pas de répétition, car elle avait lieu plus tôt dans l’après-midi, nous nous sommes retrouvés dans les chambres pour boire un coup, jouer de la guitare et chanter.

La tension monte

L’avant-dernière soirée, la répétition se faisait en public. Le stade était plein à craquer : c’était impressionnant de voir autant de gens venir pour s’amuser avec nous et nous encourager. On s’essayait encore et encore sur les différents jeux, pour savoir qui était le meilleur ici ou là et l’on se disait « je préfère tel jeu à tel autre… » En vain car on ne pouvait pas choisir : un tirage au sort le lendemain matin déciderait pour nous, comme pour les autres, la distribution des joueurs sur les différentes épreuves.

Handicap maison

La compétition allait commencer. Les visages se fermaient, les dernières consignes étaient données à l’équipe. Un dirigeant de Paris était avec nous dans les vestiaires et nous avait même imposé le jeu sur lequel on devait jouer le joker. Cela ne me plaisait pas beaucoup car c’était le plus risqué et le copain qui s’était retrouvé sur les échasses nous avait dit qu’il ne se sentait pas au mieux de sa forme…

J’aurais préféré tout miser sur le jeu des poules. J’avais pleine confiance en mes copains, ils étaient très forts et combattifs. Mais l’encadrement en avait décidé autrement… J’avais le rôle de capitaine mais pas les fonctions. C’est bien dommage pour nous car si on avait écouté mes arguments le « Saint-Graal » des « Jeux sans frontières » nous appartenait.

Le grand soir

Le moment le plus attendu, c’était l’entrée dans l’arène. Tous ces Italiens, ces supporters de toute l’Europe, et surtout un petit groupe de Toulonnais venus pour nous soutenir, c’était impressionnant ! Le stade était en ébullition. C’était fantastique, on était là, sous les feux des projecteurs et des caméras, je n’y croyais pas ! C’était plus qu’un rêve. Après tant de sueur versée, il fallait que l’on fasse nos preuves. Je crois que j’en suis marqué pour la vie. Cela a été une expérience formidable, un mélange de stress et de joie.

Au premier jeu, mes copains et leur poule – c’était féérique – étaient en tête haut la main. Si seulement on m’avait laissé jouer mon joker comme j’aurai voulu le faire ! J’étais heureux de ce résultat, mais nous n’allions pas pouvoir être aussi bon partout.

Après avoir tenu les plaques que le bélier devait briser d’un « coup de tête », je me suis retrouvé aux échasses pour diriger mon copain, qui ne voyait pas plus loin que le bout de son bec avec son costume, afin qu’il puisse attraper l’un des gâteaux posé sur les plateaux. Marcher avec des échasses, c’était super mais avec un costume où la visibilité était réduite, avec en outre l’équilibre à gérer, ce n’était plus la même chose qu’à l’entrainement !

On s’est accrochés, tous heureux d’être là, et on donnait le meilleur de nous-mêmes pour ne pas se faire larguer par les autres équipes car toutes étaient bonnes. À l’issue de la dernière épreuve, nous nous sommes retrouvés cinquièmes à quatre points des premiers, nos amis suisses. Ce n’était qu’un jeu mais on y croyait !

Perdus de vue

Après la soirée, toutes les équipes se sont retrouvées en boite de nuit ou l’on a dansé toute la nuit. Nous sommes ensuite repartis vers nos pays, nos villes d’origine et nous avons repris nos vies, les études ou le travail…

Beaucoup de camarades de l’équipe ont avec le temps quitté la région à cause de leur travail. Moi-même d’abord je suis parti à l’armée puis allé travailler sur Lyon. Ce n’est que bien des années plus tard que je suis revenu dans la région toulonnaise.

On remet ça ?

L’année suivante, en 1977, Toulon a été à nouveau sélectionnée pour représenter la France aux « Jeux sans frontières » de Windsor, en Angleterre. J’ai été retenu mais éliminé car je ne pouvais pas m’entrainer avec les participants : j’avais été appelé sous les drapeaux, pour effectuer mon service militaire.

En voiture Simone !

Simone était une femme très sympathique et très proche de nous. Moi qui étais capitaine, j’avais eu le privilège d’aller la récupérer chez le coiffeur, le matin de l’enregistrement, avant d’aller au tirage au sort.

Je l’ai revue un jour sur Lyon, alors que j’allais faire mes courses avec mon épouse et mon petit garçon, dans une grande surface. Elle était là pour faire la publicité d’un article. Je portais le survêtement des « Jeux sans frontières ». Je me suis approché d’elle et nous avons parlé.

Elle était tellement heureuse et émue de me voir et de se rappeler ces bons moments que nous avons passé ensemble à Milan avec l’équipe toulonnaise, qu’elle a offert à mon fils un ours en peluche. Nous nous sommes quittés en nous faisant la bise. J’étais surpris et content de voir que c’était une femme au grand cœur.

Propos recueillis par Christos Moustakas
Adaptation : Sébastien Dias

Tags : , , ,

Mon JSf à moi : fans et anciens candidats > les derniers articles

2 Réponses »

  1. Grand François!

  2. salut françois
    cela m’a fait drole de lire tes jeux ,tu m’as formé au sluc de 71 à 75 ,on s’est ensuite croisé au bj je preparait l’ EIS
    et j’ai fait les jeux aussi en 82 avec LE CANNET ROCHEVILLE
    que de bons souvenirs !!
    si tu lis ce message tu peux me joindre ; ce sera avec plaisir de parler du bon temps

Laisser un Commentaire

Current ye@r *