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Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

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François, champion des champions dans les années 1970, raconte ses « Jeux sans frontières » (version complétée, 1ère partie)

17 juil 2012 • Catégorie(s) : Mon JSf à moi : fans et anciens candidats

« Mon JSf à moi », c’est un coup de projecteur sur tous ceux qui ont participé à « Jeux sans frontières ». François Lombard, ancien candidat du Nord-Est de la France, a accepté de nous faire partager ses souvenirs de l’émission. De la bouche-même de l’intéressé : « D’extraordinaires souvenirs mêlés de nostalgie. » Un récit, très détaillé, bourré d’anecdotes, comme si vous y étiez !

Vous souhaitez nous raconter vos « Jeux sans frontières », écrivez-nous !

Un grand champion !

Comme simple joueur ou capitaine, François affiche un palmarès impressionnant à « Jeux sans frontières » : vainqueur avec l’équipe de Nancy à Barga (Italie) puis troisième en finale à Leiden (Pays-Bas) en 1974, vainqueur l’année suivante toujours avec Nancy à domicile et, clou de l’épopée nancéenne, vainqueur en finale à Ypres (Belgique) ! François a également concouru avec l’équipe de Bar-le-Duc en 1979 (à nouveau double vainqueur aux « Jeux » britanniques de Saint-Albans puis en finale à Bordeaux). Cinq victoires sur six émissions, un record absolu !

En plus de sa présence à « Jeux sans frontières », François a participé à de nombreux « Intervilles » : 1986 (Nancy contre Digne-les-Bains puis Marmande en finale), 1990 (Nancy contre Saint-Denis-de-la-Réunion puis Cannes en finale) et 1991 (Bar-le-Duc contre Beausoleil puis Nice en finale) avec trois victoires et trois finales gagnées. Une sacrée performance !

Enfin, François a même été de l’aventure « Intercontinents », initiée par Guy Lux pendant la saison 1987/1988.

Le saut dans l’inconnu !

« C’est par le plus pur des hasards que nous nous sommes retrouvés, mon épouse et moi-même, embarqués dans l’aventure. Nous étions étudiants en EPS [éducation physique et sportive] à Nancy. Je faisais du handball en première division nationale alors que mon épouse était sprinteuse. Nous ne connaissions pas l’émission et ne savions pas où nous allions ! Pour des étudiants en grande partie fauchés, c’était une énorme aventure.

C’est Noëlle Jarry, athlète de niveau national (lancer du disque), qui fut chargée par le comité des fêtes de reconstituer une équipe après un échec cuisant à Offenburg (Allemagne) en 1971. Une énorme déconvenue pour une équipe pourtant entièrement composée de pompiers. Les « Jeux sans frontières » allaient cette fois être préparés comme une compétition sportive. »

Le secret : discipline et entraînement

« On était habitués à la pratique sportive et à la discipline que cela demandait. On avait tous confiance en nous et dans nos partenaires. La sélection s’effectuait sur le mérite reconnu et jamais on n’a pris ces émissions à la rigolade par respect pour les villes qui nous faisaient confiance, qui avaient investi des sommes d’argent conséquentes et qui attendaient des retombées médiatiques.

Nous étions tous tous des athlètes de haut niveau dans nos domaines. Même les filles n’étaient pas des faire-valoir. Elles étaient jolies mais ce n’était pas des Miss : c’était des sportives.« 

Les premiers pas : Barga (Italie), 10 juillet 1974

« Nous sommes partis le dimanche 7 juillet 1974 avec pour objectif de laver l’affront d’Offenburg. La première équipe était constituée d’étudiants en EPS ou d’athlètes de haut niveau sur Nancy : Noëlle JARRY, Marie-Lyse JACQUIERT, Catherine SPETTEL, Geneviève SERREAU, Dominique HERBINET, Thiery DABROWSKY, André ROTTA, Patrick DUBOIS, Philippe GENIN, Christian RIES, Marcel DESBUIS, Jean-Pierre DESQUATRE, mon épouse Josette et moi-même. Je suis encore en contact avec la plupart d’entre eux : nous sommes presque tous profs et dans la même circonscription ! Quand on a vécu de tels moments, on reste soudés.

Uniformes, équipement sportif au top, déplacement en avion puis en bus : Nancy n’avait rien laissé au hasard pour le déplacement à Barga. Tout était prévu : un kiné, un photographe – celui de la ville de Nancy – et même plus tard une cellule caméscope et magnétoscopes pour filmer et analyser les répétitions. »

Lundi 8 juillet :

  • 8h30 à 11h30 : identification des concurrents et photos, présentation des jeux par l’équipe de démonstration.
  • 11h45 : réception des délégations, équipes et autorités
  • 13h : déjeuner

« À notre arrivée, nous n’avons fait qu’un bref passage à l’hôtel où toutes les délégations étaient réunies : M. Yvan Huc, l’adjoint au sénateur-maire et responsable du séjour, avait déclaré dans la presse : « Trop souvent les Français passent pour des charlots. On vous demande de donner le meilleur de vous-mêmes. Il ne s’agit pas de chanter La Marseillaise, mais il faut prendre cela au sérieux et se préparer avec application ! »

Dès le premier repas, le ton était donné : « On était au restaurant. L’un d’entre nous déclenche une bataille de petites saucisses d’apéritif et tout le monde suit. M. Huc nous a regardé : « Non mais vous faites quoi là ? » On a été tout de suite été recadrés. C’est peut-être le détonateur qui a fait qu’on a échappé à cette ambiance de vacances. » L’adjoint au Maire alla même plus loin. « Vacciné par la précédente expérience où il avait assisté au brassage entre les équipes, il préféra une mise au vert dans l’arrière-pays ! Il nous avait trouvé un petit hôtel à 30 kilomètres du site où se déroulaient les jeux et nous faisions l’aller-retour le matin et le soir. Heureusement, le séjour ne durant que 5 jours, la fatigue causée par les allers et venues aux répétitions a été gérable ! »

  • 14h30 à 16h30 : essayage des costumes
  • 16h30 à 18h30 : entrainement des équipes sous l’oeil des caméras

« Dans notre esprit, il fallait d’abord remplir une mission : gagner. C’était la règle. À un moment, l’un des gars de l’équipe n’était pas « réglo », il n’est pas resté. Peut-être cela peut-il surprendre mais c’était indispensable pour avoir une chance de réussir.

Pendant 4 jours, vous avez plein de gens qui tournent autour de vous, vous allez passer à la télé… Rien que ça, si vous n’avez pas connu le milieu sportif, c’est déstabilisant. À cela, vous ajoutez la vie en collectivité, les cadeaux, la promiscuité, les sorties, les balades… Chez les autres, certains n’avaient même qu’une idée en tête : rencontrer des filles !

Pour être très honnête, nous avons ignoré les équipes étrangères, sauf une fois l’émission terminée. En revanche, j’essayais toujours de nouer des contacts privilégiés avec l’encadrement – arbitres, speakers, techniciens – car pour réussir, il fallait avoir un maximum d’informations sur l’environnement des jeux et leur évolution jusqu’à l’émission télévisée.

Nous étions tous des profs de gym en devenir mais pour la télé, moi j’étais serveur, le copain était pompier, le troisième était agent d’assurances… À aucun moment, on ne déclinait notre vraie profession. Les autres non plus, personne n’était dupe : quand on voyait les Suisses, tout le monde savait que c’était des bûcherons ! »

  • 19h30 : dîner
  • 21h à 23h30 : répétition sous l’oeil des caméras

« J’ai conservé les dossards et même les bracelets plombés qui nous équipaient pour éviter toute tricherie. Et plein d’autres grigris !« 

Mardi 9 juillet :

  • 9h : excursion des équipes

« Les sorties touristiques ne nous semblaient pas nécessaires. On a essayé le plus souvent de les éviter. Notre objectif n’était pas de visiter. »

  • 13h : déjeuner des maires sur invitation, échange des cadeaux des municipalités
  • 16h à 18h : répétition
  • 19h : dîner
  • 21h : rendez-vous général sur le terrain de jeux
  • 22h : répétition générale avec public

« Toutes les équipes françaises bénéficiaient des précieux services d’un conseiller sportif, Robert Creux, un (alors futur) collègue professeur d’EPS ! Il fallait être là en permanence sans retard et prêts à l’effort sans aucune retenue. »

Mercredi 10 juillet :

  • 9h30 : réunion des capitaines, livraison de la liste du tirage au sort

« On était par ordre alphabétique, on avait un numéro chacun, un bracelet plombé. Les jeux étaient tirés au sort. Vous pouviez vous retrouver dans un jeu de tir à la corde alors que vous faisiez 70 kilos pour 1 mètre 80. Le gros qui faisait 90 kilos se retrouvait dans un jeu de souplesse. Donc il fallait être non seulement polyvalent par rapport aux adversaires mais il fallait avoir beaucoup de volonté de dépassement. »

  • 11h30 : équipes sur le terrain pour modifications des costumes
  • 13h : déjeuner
  • 19h : dîner des équipes
  • 20h30 : remise des costumes aux concurrents
  • 21h : rendez-vous général sur le terrain de jeux
  • 22h : émission en Eurovision
  • 23h30 : fête finale a la patinoire « Il ciocco »

« Cette première expérience se solda par une écrasante victoire qui nous a valu de quitter le site sous escorte policière tellement les Italiens nous en voulaient de les avoir ridiculisés : il y avait des tessons de bouteilles sous les roues du bus !

Au moment de la victoire, on se sent très fiers et très solidaires. C’est une sensation que l’on a en sports collectifs quand il faut se battre pour obtenir un résultat. Et, en ce qui me concerne, la satisfaction du travail réussi. En un mot : du bonheur. »

Jeudi 11 juillet :

  • Réunion des producteurs et, dans la journée, départ des autorités et délégations
  • 17h : Arrivée à Nancy, accueil par M. le Sénateur-Maire Martin à l’aérodrome de Viller
  • 18 h : présentation du trophée dans les studios de l’ORTF NANCY

« Le retour fut très agréable : visite de la Tour de Pise, le Sénateur-Maire Martin nous accueillant à notre arrivée à Nancy et, au courrier, notre réussite au concours pour être professeur d’EPS ! Ce moment est sans doute le plus beau souvenir de l’aventure : nous avons explosé de joie ! C’était le couronnement de la semaine extraordinaire que nous venions de vivre.

Nous n’avons pas eu, et jamais par la suite, de récompense ou une quelconque compensation financière. Pourquoi en aurions-nous eu une ? Participer à cette épopée, là était notre récompense ! »

La confirmation : Finale à Leiden (Pays-Bas), 18 septembre 1974

« Bloqué au service militaire, j’ai failli rater la finale ! Les interventions au plus haut niveau, mal acceptées par l’autorité militaire, ont compliqué ma permission. La veille du départ, j’étais encore en manoeuvres ! C’est par avion militaire, un petit bi-place, que j’ai été rapatrié sur Nancy, le temps de faire mon sac et retrouver l’équipe au départ pour Leiden, le 15 septembre.

C’était devenu plus facile, on connaissait et on se savait très forts, presque indestructibles. L’équipe était composée de Noëlle JARRY, Marie-Lyse JACQUIERT, Catherine SPETTEL, Geneviève SERREAU, Dominique HERBINET, Thiery DABROWSKY, Patrick DUBOIS, Philippe GENIN, Christian RIES, Marcel DESBUIS, Jean-Pierre DESQUATRE, Joëlle CARPENTIER, Maurice REJWERSKI, mon épouse Josette et moi-même. Capitaine : André LAURAIN. Nous avons joué en mémoire de notre camarade André ROTTA, athlète de niveau national, qui s’était donné la mort entre les deux émissions.

Je me souviens particulièrement du trajet en bus, équipé de téléviseurs – un luxe pour l’époque – et, parenthèse dans la vie de caserne, de l’hôtel Holiday Inn de Leiden, en plein détournement d’avion à La Haye. »

Lundi 16 septembre :

  • 9h : marquage des équipes, photo officielle
  • 10h : démonstration des jeux
  • 11h45 : réception des équipes et autorités à la mairie
  • 13h : déjeuner
  • 15h à 18h : répétition avec caméras
  • 18h30 : diner
  • 20h : équipes et autorités sur le terrain de jeux
  • 20h30 : répétition avec caméras
  • 23h : départ des bus pour une fête (à laquelle nous ne participons pas)

Mardi 17 septembre :

  • 9h30 : excursion, visite de Leiden avec échange de cadeaux
  • 13h : déjeuner
  • 17h : dîner
  • 19h45 : essayage des costumes
  • 21h à 23h30 : répétition générale avec public

Mercredi 18 septembre :

  • 9h30 : réunion des capitaines, livraison de la liste du tirage au sort
  • 12h : réunion des commentateurs
  • 12h30 : déjeuner
  • 15h30 : essayage des costumes
  • 15h30 à 16h30 : répétition caméras sans équipes
  • 17h30 : dîner des équipes
  • 19h45 : remise des costumes aux concurrents
  • 20h : rendez-vous général sur le terrain de jeux
  • 21h : émission en Eurovision

« Je crois, en ce qui me concerne, que le moment le plus important, qu’il ne fallait en aucun cas esquiver, c’était l’apparition de la grille EUROVISION sur les téléviseurs d’ambiance. Le jingle, l’entrée des artistes… Le trac commençait à monter. Après, l’émission nous appartenait, mais le rythme, c’est la télé qui l’imprimait.« 

  • 23h : fête finale à l’hôtel

« Lors de cette énorme fête, tout le monde s’est lâché : la piscine de l’hôtel a été prise d’assaut : C’est là aussi que les délégations se sont échangées tee-shirts, survêtements, souvenirs…

Si la troisième place obtenue nous a laissé beaucoup de regrets, notre équipe, aguerrie mais néophyte, trouvera dans cette première expérience en finale l’ambition et la force pour réussir les épreuves qui devaient suivre. Nous n’avons alors plus subi aucun échec à aucune de nos participations, « Intervilles » compris. »

Jeudi 19 septembre : départ des délégations et retour.

« Après l’émission de Leiden, il me fallait rentrer à la caserne ou j’étais attendu mais pas dans les meilleures intentions : l’autorité militaire n’avait pas accepté les pressions politiques pour me libérer. En plus, j’ai commis la maladresse d’envoyer une carte postale des Pays-Bas au Chef de corps et à l’adjudant de compagnie. Cela a été très mal perçu. J’étais jalousé par les sous-officiers, d’autant plus que j’étais également privilégié par mes activités de handballeur en première division nationale pour lesquelles j’avais obtenu une permission permanente de nuit. En contrepartie, j’ai dû passer mes 10 mois à l’instruction militaire alors que j’étais anti-militariste convaincu. »

Retrouvez la suite des aventures de François à « Jeux sans frontières » dans la DEUXIÈME PARTIE DE NOTRE ARTICLE

Propos recueillis en mai et juillet 2010 par Sébastien Dias
Remerciements : Christos Moustakas

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2 Réponses »

  1. Grand François!

  2. salut françois
    cela m’a fait drole de lire tes jeux ,tu m’as formé au sluc de 71 à 75 ,on s’est ensuite croisé au bj je preparait l’ EIS
    et j’ai fait les jeux aussi en 82 avec LE CANNET ROCHEVILLE
    que de bons souvenirs !!
    si tu lis ce message tu peux me joindre ; ce sera avec plaisir de parler du bon temps

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