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Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

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1965 > La création des « Jeux sans frontières »

26 mai 2009 • Catégorie(s) : Story : les grandes dates

Première émission de “Jeux sans frontières”

Sur une suggestion du Général de Gaulle d’organiser un « Intervilles » opposant la France à l’Allemagne, afin de célébrer l’amitié entre les deux pays et les premiers pas d’une Europe unie, Guy Lux prend contact avec les télévisions ouest-allemande, italienne et belge afin de créer ce qu’il appelle « Internations ». Le 26 mai 1965, à 20h20, Dax (France) et Warendorf (Allemagne de l’Ouest) inaugurent les « Jeux sans frontières ».

Cliquez ici pour lire l’histoire de la création d’Intervilles

Tout commence le 26 mai 1965, à 20h20. Ce soir-là, devant des millions de téléspectateurs européens, les villes de Dax (pour la France) et de Warendorf (pour l’Allemagne de l’Ouest) essuient les plâtres d’une toute nouvelle émission : un « Intervilles » à l’échelle du continent. Les « Jeux sans frontières » étaient nés.

Les Jeux du Général

Guy Lux a raconté qu’à l’occasion d’une réception au château de Rambouillet en présence du Chancelier ouest-allemand Konrad Adenauer, le Général de Gaulle, qui était passionné par « Intervilles », va quitter inopinément une réunion de travail pour assister à son rendez-vous télévisé favori : « Veuillez m’excuser, Chancelier, je m’absente une petite heure pour aller regarder une émission que j’aime beaucoup, d’autant que, ce soir, l’une des deux villes en compétition a pour maire l’un de mes amis intimes. » (cité dans Ciné-Télé Revue, 19 juin 2003). Adenauer découvre alors l’émission et, au cours de la discussion, l’idée d’un match opposant la France à l’Allemagne, encore en guerre quelques années auparavant, sera abordée. Des Jeux entre nations européennes : un premier pas vers l’union de l’Europe.

Léon Zitrone, alors l’un des journalistes les plus en vue et co-présentateur d’ »Intervilles », est témoin de la scène. Il comprend vite que l’appui présidentiel sera un précieux sésame pour faciliter la création d’un « Intervilles » paneuropéen, impensable jusque-là devant la complexité technique de la tâche et les pesanteurs administratives des organismes de radiotélévision. Il ne fallut pas longtemps à Guy Lux pour être convaincu de tenter l’aventure… avec le plus grand soutien du Ministre Alain Peyrefitte et de tout l’état-major de la Maison de la Radio. Le « marché commun du rire » était né.

Construire une émission coproduite par 4 pays n’est pas une mince affaire. Pour mener à bien ce nouveau défi, Guy Lux réunit son équipe dans sa villa de Saint-Gratien sur la côte d’Azur : Jean-Louis Marest, Claude Savarit, Janine Solomon et Claude Robrini. Les réunions de travail s’enchaînent, en étroite relation avec les producteurs étrangers… et non sans friction. « Je crains que les Allemands n’aient pas bien compris l’esprit de l’émission. Ils la considèrent comme un show européen, dont chaque séquence sera réglée minutieusement. Ils vont être surpris…« 

« Internations » devient « Jeux sans frontières »

Premier grain de sable : le titre de l’émission. Guy Lux pensait calquer le nom de sa nouvelle émission sur le modèle d’ »Intervilles ». Il préconisait « Internations » mais ses homologues le lui refusent. « Pour moi, « Internations » était bien meilleur que « Jeux sans frontières », mais il paraît que ce titre est intraduisible en italien et en allemand. Bref, j’ai préféré céder sur les points de détail.« 

Images du premier générique de “Jeux sans frontières”

« Il faut être rapide et insolite ! »

Mais hors de question de plier face à des jeux approximatifs :
« - Qu’est-ce qu’ils ont, à Warendorf ? » demande Guy Lux.
« - Des poneys et des chevaux avec des cocardes : Warendorf, c’est le Saumur allemand« , répond Claude Robrini.
« - Mauvais« , dit Guy Lux. « On a enfreint notre règle d’or : l’homme doit être en état d’infériorité par rapport à l’animal. Et il faut être rapide et insolite.
- On pourrait leur mettre une corne de rhinocéros sur le front
? »
« - Là, ça devient meilleur, dit Guy Lux, mais qui se charge d’écrire aux Allemands pour leur expliquer, en douceur, les transformations du jeu ? Personne ? Mieux vaut, peut-être, ne rien dire. Quand Savarit ira sur place, il fera les transformations une à une… »
« - C’est enfantin…« , ironise ce dernier, qui ajoute : « Pour combien de jeux faudra-t-il renouveler cet exploit ?
- Quatre sur six…
« 

Les « Jeux » feront-ils oublier « Intervilles » ?

En cet été de l’année 1965, « Jeux sans frontières » remplacera « Intervilles ». L’émission sera diffusée en direct un mercredi soir sur 2 du 26 mai au 15 septembre. Un rythme de diffusion qui restera la règle jusqu’en 1982, sauf pour la France qui s’arrogera rapidement le droit de diffuser les émissions en différé chaque semaine sur une période raccourcie.

Dans tous les pays, l’accueil du public est positif. En Italie, malgré une programmation défavorable (deuxième partie de soirée sur la deuxième chaîne de la RAI), l’émission remporte un très bon succès d’estime. Chez les Belges, c’est une nouveauté et un triomphe : les sondages donnent 53 % d’écoute (alors que les deux-tiers des Belges sont flamands) et 9,5 sur 10 d’indice de satisfaction. En Allemagne, la mayonnaise a également pris : sur une échelle allant de « moins dix » à « plus dix », l’émission a oscillé, selon les jeux proposés, entre « moins un » et « plus six ».

Mais Guy Lux est loin d’être satisfait : même si l’indice d’écoute est prometteur, il s’aperçoit que la France, habituée au joyeux désordre d’ »Intervilles », regrette l’absence des fameuses « contestations » : «  »Jeux sans frontières » m’apparut comme un hâvre de douceur, un port de tranquillité, le refuge de la sagesse. Finies les contestations, les tricheries, les discussions… Nous allions enfin tremper dans un bain de justice et de sportivité !… C’était mal connaître les téléspectateurs français. Ce qui, ces dernières années, apportait des reproches suscite aujourd’hui des regrets. » Devant la pression du public, Guy Lux reproposera de nouveau « Intervilles » au début des années 1970.

Malgré tout, la machine est lancée. « Jeux sans frontières » devient au fil des étés un rendez-vous incontournable pour les téléspectateurs européens. Dès 1967, de nouveaux pays viendront s’ajouter aux quatre fondateurs : la Suisse et la Grande-Bretagne en 1967, les Pays-Bas en 1970, la Yougoslavie en 1978 et le Portugal en 1979. Les « Jeux sans frontières » connaîtront un succès ininterrompu jusqu’en 1982, avant leur reprise de 1988 à 1999.

Auteur : Sébastien Dias
Extraits cités : « Télé 7 jours », 1965. Tous droits réservés.

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