CATERINA RUGGERI, présentatrice suisse de 1993 à 1998 (1/3)
10 mai 2010 • Catégorie(s) : Interviews •C’est l’une des animatrices les plus aimées des fans de « Jeux sans frontières ». Pendant six ans, Caterina Ruggeri a été le visage de l’émission à la télévision suisse italienne (TSI). En 1998, elle quitte tout pour réaliser son rêve : devenir journaliste et rejoindre la rédaction de Canale 5, la première chaîne privée d’Italie. Dans cette première partie de l’entretien qu’elle nous a réservé, nous aborderons son parcours professionnel.
Sébastien Dias (JSfnet.fr) : Comment es-tu arrivée à « Jeux sans frontières » ?
Caterina Ruggeri, présentatrice pour la Suisse italienne de 1993 à 1998 : Par hasard. Je suis née en Italie, à Piacenza, mais ma famille a déménagé peu de temps après en Suisse, à Lugano, où j’ai grandi. Au moment du bac, je suis tombée sur une petite annonce : la TSI recherchait des candidats pour une émission musicale. J’avais 17 ans, j’ai passé le casting, j’ai laissé ma photo mais je n’ai pas été retenue.
Je me suis ensuite inscrite à l’Université à Milan. Pour arrondir mes fins de mois, je posais pour des photographes… ce qui n’était d’ailleurs pas du tout du goût de mes parents qui préféraient que je consacre tout mon temps aux études ! Un jour, je passe le casting pour devenir « velina » [danseuse, NDLR] dans l’émission « Striscia la notizia » [un divertissement de Canale 5, première chaîne privée d'Italie, NDLR]. Mais moi, « velina », ça ne m’intéressait pas : je voulais être journaliste et je l’ai dit à la responsable du casting. Du coup, je suis sortie du lot et on m’a proposé de devenir reporter sur l’émission d’actualité « Samedi 5″. Toute la semaine, je faisais le tour de l’Italie pour couvrir les coulisses d’événements comme le Festival de Venise.
En Suisse, la personne qui m’avait fait passer le casting à l’époque du lycée me voit à la télé et me rappelle pour me proposer « Jeux sans frontières ». Tout est allé très vite : j’ai été convoquée à une réunion avec la productrice Joyce Pattacini, le réalisateur Franco Thaler et Paolo Calissano. Il ne s’agissait pas d’un casting : ils voulaient seulement s’assurer que notre duo pouvait bien fonctionner. Je suis revenue brièvement à Milan, juste le temps de refuser une proposition de travail au journal télévisé de Rete 4 [une chaîne qui, comme Canale 5, appartient au groupe privé Mediaset, NDLR]. C’était de la folie : réussir à entrer à Mediaset et partir au bout 9 mois pour aller travailler sur une petite chaîne comme la TSI était impensable. Mais j’étais très jeune et passionnée de voyages. Je ne pouvais pas refuser l’opportunité de parcourir l’Europe pendant trois mois.
JSfnet.fr : Le hasard a fait que tu es revenue à Mediaset bien des années plus tard…
C.R. : Pendant les années « Jeux sans frontières », j’avais une double vie. L’été, je présentais les « Jeux » et l’hiver, je présentais tous les jours sur Telepiù, le Canal + italien, un journal consacré aux sports américains. Un très bon job, très bien payé, que j’ai lâché en 1997 pour suivre à New York mon fiancé de l’époque. Là-bas, Fabrizio del Noce, alors correspondant permanent du JT de RAI 1, m’a engagée comme assistante, tout en me laissant la possibilité de travailler sur quelques émissions, notamment à l’occasion du Marathon.
En 1998, je suis tout de même revenue pour faire « Jeux sans frontières » une dernière fois. Puis j’ai passé une autre année à New-York. En 1999, Augusto Chollet, le directeur des divertissements de la TSI m’a recontactée pour l’édition à Le Castella. Mais 15 jours plus tôt, on m’avait proposé de partir à Rome, pour travailler avec Enrico Mentana, le directeur de l’information de Canale 5. J’appréciais beaucoup son style et un jour, je l’ai rencontré par hasard et lui ai fait part de mon envie de travailler pour lui. Je réalisais mon rêve : je ne pouvais pas refuser. J’ai planté la TSI au dernier moment, ils ont appelé en urgence Matteo Pelli et Augusto Chollet ne m’a plus jamais adressé la parole…
JSfnet.fr : Peut-être à l’époque commençais-tu à te lasser des « Jeux » ?
C.R. : Ma vocation, c’était le journalisme. Le divertissement – « Jeux sans frontières » et d’autres émissions pour la TSI : des jeux, une émission musicale… – je suis tombée dedans par hasard et par chance.
La première fois que je me suis dit « Est-ce que je veux continuer sur cette voie ? », c’était à Budapest [en 1997, NDLR]. Pour présenter « Jeux sans frontières », il fallait bien connaître les équipes, savoir aborder les situations avec humour mais surtout s’amuser. Pendant de nombreuses années, je me suis amusée. Mais là, au bout de trois ou quatre enregistrements, j’ai réalisé que je ne m’amusais plus. Les présentateurs « vétérans » avaient laissé leur place à une nouvelle génération d’animateurs, très sympathique mais qui n’avait pas connu la reprise en main de l’émission. Il n’y avait plus la même ambiance.
Cette même année, je me suis retrouvée au centre d’un conflit entre la TSI et la RAI. L’un des plus grands spécialistes de la télévision italienne, Aldo Grasso, a carrément descendu dans les colonnes du Corriere della Sera la première émission présentée par Maria Teresa Ruta. Il avait vu la version suisse, qui était déjà diffusée depuis quelques semaines, et écrivit : « Caterina Ruggeri devrait apprendre à Maria Teresa Ruta comment il faut présenter « Jeux sans frontières« .
JSfnet.fr : Un signe de reconnaissance pour toi…
C.R. : C’était bien pour moi, oui, mais il faut reconnaître que notre version était très « proprette », très institutionnelle. Nous cherchions à commenter les « Jeux » comme s’il s’agissait d’une petite retransmission sportive. Et puis, au moment où je parlais avec les joueurs, j’essayais de plaisanter avec eux et raconter quelques anecdotes sur leur vie. Donc quelque chose de très simple.
Avec la RAI, la rupture était consommée. A partir de ce moment, ils ont essayé de couper au maximum mes interventions. Sur le plateau, on me faisait la tête, on ne se parlait plus.
JSfnet.fr : Il faut dire que les audiences de cette édition en Italie n’ont pas du tout été bonnes…
C.R. : En 1997, l’Italie a fait une énorme erreur dans le choix des présentateurs. Le problème, c’était surtout le duo Antonello Dosè et Marco Presta [alors animateurs radio très populaires, NDLR]. Avec eux, les « Jeux sans frontières » étaient devenus une parodie d’eux-mêmes. J’ai essayé de les regarder une fois mais c’était insupportable. Il semblait que l’Italie cherchait à se justifier. Le concept a vieilli, alors pour faire passer la pilule on s’en moque ouvertement.
JSfnet.fr : A-t-il été difficile de te faire accepter en tant que journaliste après avoir fait « Jeux sans frontières » ?
C.R. : Pendant 6 ans, je me suis forgée une expérience professionnelle que n’a aucun autre collègue de la rédaction, même les journalistes du service étranger qui ont beaucoup voyagé. Grâce aux « Jeux », j’ai pu observer, en coulisses, la façon de travailler des autres télévisions européennes. En 1998, par exemple, j’ai mesuré la différence entre les Hollandais, très en pointe à l’époque et créateurs des formats modernes [le concept "Big Brother" est né aux Pays-Bas, NDLR], et les Italiens de la RAI, très repliée sur elle-même et vieillissante.
A la rédaction de Canale 5, une deuxième vie commençait. J’ai dû tout recommencer de zéro, faire face aux préjugés. J’étais vue avec méfiance, comme celle qui venait du monde du spectacle. Malgré ma capacité à gérer des directs avec aisance, je n’ai pas fait d’antenne pendant 2 ans. J’ai dû gravir les échelons pour revenir à un rôle de premier plan, comme la présentation du magazine matinal « Verissimo ».
Ce qui est drôle, c’est qu’aujourd’hui, parmi mes collègues de travail, il y a des jeunes qui sortent de l’Université et qui intègrent la rédaction en stage. Ils finissent toujours par me confier « Tu sais, je te regardais à la télé quand j’avais 15 ans… » Et je leur réponds « Ah non, ne me dis pas ça… Ça me rappelle tout le temps qui a passé depuis !…«
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J’ai regardé une fois et c’est pas trop trop mal dans l’ensemble… Mis à part un arbitre qui s’égosille un peu trop et qui doit en faire des caisses pour assurer le show ainsi qu’une présentatrice au sourire ultra-brite plus attirée par son reflet dans la caméra au lieu d’être proche et réactive avec son collègue animateur mais aussi les candidats…
Le hasard fait généralement bien les choses…. mais bon, là, comme par hasard, c’est la dernière et sixième émission éliminatoire qui départage les deux équipes prétendantes à la finale… la joie du montage…
Il aurait été aussi de bon ton de faire jouer les quatre équipes à chaque fois au lieu de les opposer deux à deux… On aurait additionné les scores obtenus à chaque émission et c’est l’équipe avec le plus gros total à la fin des six émissions qui serait allée en finale
Il est surtout URGENT de revoir les règles du dernier jeu qui est complètement aberrant… Comment se permettre de traduire un écart de points en une distance, ce qui n’est pas du tout significatif et qui est difficilement convertible !!
Une équipe peut très bien gagner jeu sur jeu et tout perdre au dernier moment, tout ça dans le but de ménager un « pseudo-suspense » à deux balles alors à quoi bon alors se fatiguer durant les épreuves si c’est pour tout perdre à la fin ?? Suffit juste de mettre des candidats costauds au dernier jeu et c’est gagné…
Les questions de culture générale étaient plus adaptées comme dernier jeu et avaient selon moi plus de sens… Disons que les candidats faisaient fonctionner leurs jambes mais aussi leur tête !!
Néanmoins, cette session de Jeux à la neige est moins ennuyeuse et surtout moins cheap que les Intervilles des années 2000 sur France Télévisions… Gardons espoir que Mistral Productions continue sur cette lancée à remonter la pente…
Ce n’est pas une questions d’argent mais juste d’avoir l’envie et la volonté !!!