Jeux sans frontières | JSfnet.fr

Tout sur l'émission "Jeux sans frontières"

.

GUY LUX, le père des « Jeux » : présentateur et producteur français de 1965 à 1982

9 juin 2009 • Catégorie(s) : Portraits

Guy Lux

Le 13 juin 2003, Guy Lux nous quittait à l’âge de 83 ans laissant orphelins plusieurs générations de téléspectateurs séduits par cet animateur-producteur, doué d’une imagination et d’une générosité débordante à l’origine de concepts qui ont marqué à tout jamais l’histoire de la télévision. Retour sur la carrière du « compagnon de tous les Français »… « En voiture Simone » !

Découvrez la carrière de Guy Lux en images

Etudiant aux Beaux-Arts, le jeune Maurice Guy ne sait pas encore qu’il va devenir le plus célèbre des animateurs-producteurs en France, à l’origine de 45 shows à la télévision, 32 émissions de radio et près de 2400 concepts de jeux. Il s’essaie d’abord à l’écriture de chansons et de poèmes, sans réelle concrétisation – il laisse tout de même un recueil intitulé « Clé des chants ».

Guy Lux - Intervilles 1964

En 1948, il s’installe comme quincaillier à Asnières, dans la banlieue de Paris. C’est là qu’il invente son premier jeu et trouve son premier public à l’occasion du Tour de France : ses clients doivent trouver les trois premiers de l’étape du jour ! C’est le début d’une longue et grande carrière de producteur et d’animateur d’émissions de radio, sur RTL puis Europe 1, et de télévision. Guy Lux sera successivement recruté par les trois grandes chaînes de télévision françaises, multipliant les idées de jeux et de variétés grâce à une imagination prolifique.

GUY LUX, ANIMATEUR ET PRODUCTEUR.

Tout commence en 1952. Recruté à l’ORTF, il lance l’idée originale de jeux radiophoniques et télévisés, dont « Qui dit mieux », un jeu à base d’enchères et de connaissances. Après plusieurs participations, en particulier sur « La tête et les Jambes », il anime sa première émission télé en 1960 : « Contact » qui deviendra très vite « La roue tourne » (1960-1964), aux commandes de laquelle il succède à Georges de Caunes.

Guy Lux et Léon Zitrone, son complice et ami

En 1962, il s’inspire de l’émission italienne « Campanile Sera » pour inventer sa fameuse émission « Intervilles » (1962-1964, 1970-1973, 1985-1991), qu’il anime aux côtés de Simone Garnier et Léon Zitrone. Le succès est immédiat et fait de lui l’animateur de France le plus populaire. L’émission sera par la suite déclinée avec « Interneige » (dès 1965) où les villes françaises sont remplacées par des stations de sports d’hiver, « Jeux sans frontières » (1965-1982) où le concept est étendu aux pays d’Europe sur une suggestion du Général De Gaulle, « Interglace » (1987-1989), « Intercontinents » (1987-1988) qui accueille des équipes du monde entier (Canada, Israël…) et « Interchallenges » (1988), qui tourne court faute d’audience face à Jacques Martin le dimanche après-midi. Le phénomène Guy Lux est né : la « France profonde » est définitivement séduite par sa bonne humeur forcenée et sa répartie légendaire.

Guy Lux, animateur de variétés

En 1965, il revient à ses premières amours : la chanson avec « Le palmarès des chansons », un triomphe – l’indice d’écoute grimpe à 80% à sa création – qui deviendra au gré des formules et des horaires « Chansons-Champions », « Cadet Rousselle », « Ring Parade », « Domino », « Si on chantait », « Système 2″, « Top club », « Palmarès » ou encore « Cadence 3″. Emissions où il partage souvent l’antenne avec sa complice Sophie Darel et où défilent toutes les vedettes ou futures vedettes de la chanson : Claude François, Sheila, Pierre Peret et bien d’autres. Les concepts du radio crochet et du hit-parade sur petit écran sont nés !

En 1969, il invente avec Jacques Antoine le fameux « Schmilblick », jeu éphémère mais passé à la postérité grâce au sketch de Coluche en 1975. Beau joueur, Guy Lux accepte de rencontrer le célèbre Papy Mougeot dans une version du sketch encore aujourd’hui régulièrement rediffusé.

En 1985, après une brève traversée du désert, il relance « Intervilles » sur FR3. Les 3 matches atteignent une moyenne de plus de 6 millions de téléspectateurs et 35% de part d’audience. Un tel plébiscite conduit la responsable des variétés de TF1, Marie-France Brière, à débaucher Guy Lux et sa joyeuse équipe. Jusqu’en 1991, « Intervilles » et ses déclinaisons feront les beaux soirs de la chaîne privatisée en 1987.

En 1993, Guy Lux fait ses adieux à la télévision mais continue à produire pour le petit écran. Sa société de production People Production, créée en 1980, lui a permis de lancer « La Classe » (1987-1994) animée par Fabrice sur France 3, « Succès Fous » (1990), « La Une est à vous », « Capitale d’un soir » ou encore « L’Or à l’appel » présenté par Vincent Lagaf’. Il est aussi à l’origine de l’arrivée de l’élection de Miss France à la télévision.

Guy Lux, fondateur de “Pas d’enfants sans vacances”

L’AUTRE GUY LUX.

L’homme de cœur.
Guy Lux a créé l’association ‘Pas d’enfants sans vacances’, qui permet à des enfants de passer une journée inoubliable au bord de la mer ou dans une fête foraine.

Le compositeur.
Guy Lux est également l’auteur de . Seule une de ses compositions est encore aujourd’hui sur toutes les lèvres : « A la queue leu leu », entonnée par le mythique Bézu et qui a servi de générique aux émissions « La Classe » et « Intercontinents ». Une création que Guy Lux ne reniait pas, bien au contraire : « Je suis très heureux d’avoir écrit cette chanson mythique des bals, des communions et des fêtes. Elle fait plaisir aux gens. On en trouve une dizaine de la même veine, de « La chenille » à « La Danse des Canards », confiait-il en 2003 à Bernard Alès pour Ciné-Télé-Revue.

Le cinéaste.
Facette moins connue de Guy Lux : le cinéma. Outre quelques apparitions en tant qu’acteur (« Clémentine chérie », 1963 ; « Bang-Bang », 1967 ; « Les fous du stade », 1972 ; « Comme sur des roulettes », 1976 ; « Le Bourreau des cœurs », 1983), Guy Lux écrit et réalise le film « Drôles de zèbres » en 1977, avec à l’affiche Sim, Alice Sapritch, Patrick Préjean ou encore Michel Leeb.

Le passionné de courses hippiques.
L’une des grandes passions de Guy Lux étaient les courses de chevaux, quitte à se créer parfois de gros ennuis financiers ou judiciaires. Il attrape le virus du jeu à l’hippodrome de Vincennes, en 1938, en misant sur un mauvais cheval qui lui rapporte 90 fois sa mise ! Il crée alors une petite écurie de six trotteurs, dont la pouliche Ispanela Jarzéenne a remporté une course à Vincennes en décembre 2000. Guy Lux, qui a toujours revendiqué la paternité du tiercé, a également été pronostiqueur de courses hippiques dans différents journaux spécialisés.

Guilus, Guy Lux au temps d’Astérix et Obélix !

Guilus.
L’animateur est si populaire qu’il a même droit à sa caricature dans un album d’Astérix (« Le Domaine des Dieux ») sous les traits de Guilus, ordonnateur des jeux du cirque Maxime de Rome, où il anime le jeu qui permet au gagnant de gagner un logement dans le Domaine des dieux.

Le père de famille.
Guy Lux a eu 2 enfants avec sa femme Paulette, disparue en 1995 : Christiane, décédée avec son mari dans un accident de voiture en 1964, et Michel. Ils lui ont donné 3 petits-enfants : Jean-Christophe, Stéphane et Sylvie. Il a également eu deux enfants cachés, reconnus après le décès de son épouse : un fils, Pierre, qu’il avait eu dans les années 60 avec une animatrice de Radio Monte-Carlo, et une fille, Laura-Charlotte, tragiquement décédée à l’âge de 17 mois, fruit d’une relation secrète avec la comédienne Muriel Montossey, connue sur le plateau de « La Classe ».

Celui qui se définissait lui-même comme « un artiste, un peu saltimbanque, un peu équilibriste », n’aura pas été ménagé par la critique, qui lui reprochait son ton simpliste, parfois « franchouillard ». Guy Lux, qui incarnait le meneur de jeu à la gouaille bien française, symbolisait en effet aux yeux des intellectuels tout ce qu’ils n’aimaient pas dans une télévision qu’ils regardaient peu. Guy Lux n’en avait cure, fort de sa popularité, il aura fait, avec son compère Léon Zitrone, les grandes heures de la télévision française.

LES HOMMAGES.

Au lendemain de sa disparition, nombreuses sont les stars du petit écran et de la variété qui l’ont salué.

Pour sa complice aux commandes d’ »Intervilles », Simone Garnier, « Guy Lux était un homme étonnant, un vrai personnage. Il a créé des émissions qui ne ressemblaient à aucune autre. Il y avait de l’énervement, des engueulades, mais aussi des crises de rire. On prenait des risques puisqu’on faisait du direct. En 37 ans d’émissions avec Guy, on n’a jamais rien prévu ou trafiqué. Il avait le sens du public. La télé a perdu quelqu’un de rare.« 

Pour Fabrice, qui avait présenté « La Classe », « La télé, c’était toute sa vie. Ce travailleur acharné connaissait tout du métier : comment monter le décor, prendre le son… Il ne fallait pas lui en raconter ! Je l’admirais pour ça. Et aussi parce qu’il avait 25 idées par jour, dont 24 délirantes.« 

Pour Jean-Pierre Foucault, révélé par « C’est dimanche » en 1975, « c’est l’homme qui a tout inventé à la télé. Vous ne trouverez pas une star qui n’ait pas débuté avec lui. Nous sommes tous des enfants de Guy Lux. Guy avait la gouaille d’un bonimenteur mais aussi la qualité d’un présentateur populaire au sens noble. Il avait le don de plaire à tous, à la France profonde comme à De Gaulle.« 

Pour Patrick Sébastien, « Guy a été le symbole d’une télé de rêve. Il a fait rêver ma génération avec des émissions qui nous sortaient de notre quotidien.« 

Pour Line Renaud, « Guy a donné leur chance à tellement d’artistes en les invitant dans ses émissions. Il avait le sens du talent.« 

Pour Mireille Mathieu, « Venir dans ses émissions était toujours un grand plaisir : on chantait en direct accompagnés par un grand orchestre. Guy Lux avait aussi la fibre populaire : il savait ce qu’aimait le public, en allant toucher le cœur des gens.« 

En fidèle héritier de De Gaulle, Jacques Chirac, alors Président de la République française, avait dressé ce si juste portrait : « Animateur infatigable, entreprenant et chaleureux, il aura été l’un des artisans les plus actifs d’une télévision qui donne toute sa place aux divertissements de qualité. » Un joli pied de nez à la classe politique qui a tant décrié Guy Lux tout au long de sa carrière.

Auteur : Sébastien Dias, avec la collaboration de Philippe Minet et de Claudia Craig.
Sources : AFP, Télé 7 jours, Télé Star, Télé Poche, Télé Pro, Le Parisien/Aujourd’hui en France, Paris Match, La Libre Belgique, La Dernière Heure, Ici Paris, France Dimanche, Gala, Oh la! (1962 à 2003).

Tags : , ,

Portraits > les derniers articles

Laisser un Commentaire

Current ye@r *