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1988 : La renaissance des Jeux. Polémique avec Guy Lux.

12 juin 2009 • Catégorie(s) : Story : les grandes dates

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Printemps 1986. Les « Jeux sans frontières » sont absents du petit écran européen depuis 3 étés, bientôt 4. Dans l’ombre, un producteur enchaîne réunion sur réunion et coup de fil sur coup de fil pour relancer l’émission. La manoeuvre prendra deux ans. En juin 1988, cinq pays se retrouveront (enfin !) en Italie, à Misiano Adriatico, pour assister à la renaissance des Jeux.

Luciano Gigante : le sauveur

L’homme à qui l’on doit le retour des Jeux, c’est l’Italien Luciano Gigante. Il refuse pourtant ce statut de sauveur : « Je n’ai rien sauvé. Quand j’ai commencé à m’activer pour dépoussiérer le projet, j’ai découvert que tout le monde voulait refaire les Jeux. Mais ils cherchaient un fou qui mette le projet en pratique ! » (cité par Gianni Magrin dans son livre Giochi senza frontiere : trent’anni di Giochi).

Producteur exécutif des Jeux pour la RAI de 1969 à 1973, il organise au printemps 1986 une première table ronde à Montreux. Il y réunit les représentants des télévisions française (Albert Ensalem), belge (Pierre Meyer), portugaise (Antonio Bivar) et espagnole (César Gil). En France, le succès du retour d’ »Intervilles » depuis 1985 (33,2 à 37,5% de part d’audience en 1985, 34 à 39% en 1986 et 28 à 30% en 1987) intéresse Antenne 2, mais l’absence de son présentateur historique – parti sur TF1 – fait peur.

Dès octobre, tous se retrouvent à Genève pour étudier les premières propositions de Luciano Gigante, élaborées durant l’été avec Popi Perani (créateur des jeux), Nuccio Ambrosino (créateur des décors et des costumes) et Carlo Nistri (réalisateur). Tout y est : des idées de jeux, des suggestions de villes qui pourraient accueillir les émissions…

La machine est lancée. Les réunions s’enchaînent, de plus en plus fréquentes. Chaque pays participant apporte sa touche à l’ouvrage. En avril 1987, tout le monde est prêt pour passer de la théorie à la pratique. Tout le monde… ou presque : certaines pesanteurs bureaucratiques au sein des états majors des chaînes concernées auront raison de l’édition 1987. Encore une année de patience et les rêves deviendront réalité…

Voir notre interview vidéo où le présentateur Ettore Andenna raconte comment, alors député européen, il a facilité le retour de l’émission grâce à ses connaissances au Parlement.

« Jeux sans frontières » vs. « Intercontinents »

De son côté aussi, Guy Lux prépare le retour de « Jeux sans frontières » avec son complice Claude Savarit… sur TF1. La formule est élargie à des pays du monde entier. Des villes américaines, canadiennes, coréennes, israéliennes ou encore japonaises font le voyage jusqu’au terrain de jeu installé dans un hall d’exposition du Bourget reconverti en studio de télévision. La publicité y est omniprésente : « Elle va intervenir beaucoup. On est sur une chaîne commerciale, reconnaît Guy Lux à quelques jours du lancement. Il y aura des jeux sponsorisés et d’après certains sondages, les gens n’y voient rien à redire.« 

L’esprit bon enfant des débuts, dénué de toute prétention mercantile, en prend un coup. Quitte à proposer un « Jeux sans frontières » nouvelle formule, comme la lessive, ne vaudrait-il pas mieux en changer le titre ? « J’ai peut-être eu tort de reprendre le même titre, parce que les gens ne vont peut-être plus s’y reconnaître s’ils attendent les « Jeux sans frontières » d’antan. » Antenne 2, qui prépare depuis un an le retour de « Jeux sans frontières » avec d’autres télévisions européennes, ne laissera pas le choix à Guy Lux.

Annoncée dans la presse sous le titre de « Jeux sans frontières », l’émission prendra finalement le nom d’ »Intercontinents ». Le show, diffusé tous les quinze jours le samedi soir en direct, ne durera que le temps d’une saison mais restera l’un des plus grands succès d’audience de TF1 privatisée.

« On m’a volé « Jeux sans frontières » ! »

Eté 1988. Alors qu’il s’apprête à sillonner les routes de France à la tête de la caravane d’ »Intervilles » pour TF1, Guy Lux est furieux. La chaîne publique ose lui faire concurrence en proposant de nouveaux « Jeux sans frontières » animés par Fabrice et Marie-Ange Nardi. « Les gens m’en parlent comme si c’était toujours mon émission. C’est bien la mienne… mais d’autres la font !« 

Guy Lux décide d’attaquer. « Je suis en procès avec Antenne 2. Cette émission est à moi. Pour préserver ma qualité d’auteur et notre prestige, j’attaque la chaîne en justice. (…) Ce sera long, la justice est lente, mais j’ai confiance en elle. » « Malheureusement, les idées en France ne sont pas protégées. Aux États-Unis, ça ne se serait pas passé comme ça. La direction d’Antenne 2 nous avait promis une petite mention dans le générique ; elle s’est visiblement endormie sur sa promesse.« 

Antenne 2 rétorque avoir proposé à Guy Lux de reprendre les commandes de l’émission, ce qu’il a refusé. Réaction de l’intéressé : « Exact ! Mais aujourd’hui, je suis sous contrat avec TF1 et, déontologiquement, je ne pouvais pas revenir à Antenne 2 pour cette émission. » L’affaire traînera dans les tribunaux pendant de longues années. Au final, « Jeux sans frontières » est une œuvre dont l’Union européenne des radiotélévisions est l’unique propriétaire. Peine perdue.

Si tout le monde s’accorde à dire que Guy Lux est le père de Jeux, on lui a toujours refusé le statut d’auteur. Il avouait à la fin de sa carrière qu’il s’agissait de l’une ses plus grandes déceptions professionnelles. Mais Yves Launoy, producteur français qui a repris le concept d’ »Intervilles », ne désespère pas de relancer un jour « Jeux sans frontières » avec ses équipes dans l’esprit qui fut celui de Guy Lux…

Auteur : Sébastien Dias
Citations de Guy Lux : « Téléstar », novembre 1987, août 1988 et août 1991. « Télé 7 jours », août 1991.

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