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Arnold, ancien champion, raconte ses « Jeux sans frontières » (1ère partie)

2 fév 2011 • Catégorie(s) : Mon JSf à moi : fans et anciens candidats

« Mon JSf à moi », c’est un coup de projecteur sur tous ceux qui ont participé à « Jeux sans frontières ».
Arnold, ancien candidat belge, a accepté de nous faire partager ses souvenirs de l’émission.

Vous souhaitez nous raconter vos « Jeux sans frontières », écrivez-nous !

En 1981, Arnold a été sacré champion à Annecy avec ses coéquipiers de l’équipe belge de Lessines, aux côtés d’un certain… Denis Pettiaux, devenu arbitre international de « Jeux sans frontières » dans les années 1990. Avec cette première place et 45 points, Arnold et ses camarades décrochent leur ticket pour la finale organisée à Belgrade, en Yougoslavie. Moins chanceux, ils terminent cet ultime match en dernière position avec 19 points.

De téléspectateur à participant

Bien entendu, je connaissais l’émission car je la regardais régulièrement depuis pas mal d’années à la télévision. Je pense même que jusqu’à la fin des années 1960, je l’ai encore vue en noir et blanc car à la maison, nous n’avons eu la couleur que dans ces années-là. C’était encore le début de la télévision. Les foyers n’étaient pas encore tous équipés. Mon voisin Oscar, par exemple, venait voir les Jeux à la maison. Une anecdote me revient : quand nous étions en plein moment captivant, il y avait toujours un problème. Les chaînes « tournaient ». C’était soit l’antenne sur le toit de l’immeuble, soit les ampoules dans la caisse. Et souvent cela se terminait par un coup de pantoufle ou de main de mon père sur le dessus de la télé et tout se remettait en place !

Ce qui attirait évidemment les enfants que nous étions, c’était l’identification à sa ville ou à son pays. « Jeux sans frontières », c’était du sensationnel, avec des épreuves hors du commun, acrobatiques, aquatiques, aériennes… Et puis c’était à l’extérieur : il y en avait aussi d’autres dans ces années-là, c’était à la mode. En tout cas, à Lessines, personne n’avait jamais imaginé un jour que nous participerions à cette épreuve. C’est comme lorsque le Roi et la Reine sont venus à Lessines, personne ne pensait qu’ils viendraient « promener » en ville ! Les jeux étaient bien adaptés à leur époque. Pas d’électronique, des idées simples mais novatrices à la fois, le suspens toujours présent, rien à dire !

Les origines de la participation

C’est une longue histoire. En fait, pour la formation de l’équipe, les clubs lessinois ont été contactés par la municipalité et la cellule événementielle de Baxter-Travenol, un gros employeur de la ville. Nous vivons dans une ville ouvrière avec des carrières, où le taux de chômage est relativement important. Comme c’est très cher et que les budgets sont assez limités, je pense qu’il n’y aurait jamais eu d’équipe de « Jeux sans frontières » à Lessines si Baxter n’avait pas mis la main à la poche. Pourtant, donner du rêve, des infrastructures, du bien-être aux citoyens doit aussi être un moyen de développer la vie en société.

Le staff était majoritairement issu de ce « sponsor » privé. Mais attention, malgré cette « mainmise » d’une entreprise privée, nos équipements n’avaient aucune marque apparente nulle part. À ce niveau, je dois dire qu’il faut tirer un grand coup de chapeau à des gens comme Arsène Labiau, aujourd’hui disparu, et quelques autres car ils ont fait ce qu’il fallait pour que tout soi organisé à merveille. Si mes souvenirs sont exacts, à la fin de sa carrière ou presque, Arsène Labiau a même été embauché chez Canal + Belgique où il est resté plusieurs années !

Les épreuves de la sélection

Nous avons été sélectionnés cinq-six mois avant l’épreuve. Nous n’avions pas d’informations précises sur les épreuves sur lesquelles nous allions être testés. Le jour J, nous étions un bon paquet de prétendants sur la Place de Bois-de-Lessines. Il y avait une épreuve avec un médecine ball à tenir dans les bras et nous devions faire un parcours chronométré, une grande descente d’un côté et une grande montée de l’autre. J’ai gagné cette épreuve. Je pense qu’il y avait aussi un cross et une épreuve d’agilité. Nous devions aussi savoir nager. Je dois dire que je faisais encore pas mal de sports à cette époque et la forme n’était pas mauvaise !

J’ai été retenu. J’étais exalté. Heureux. À l’annonce des résultats, je n’ai pas bien compris pourquoi la plupart de mes copains du village, pourtant costauds, n’avaient pas été sélectionnés. Dans le comité qui avait été chargé d’analyser les résultats et de départager les candidats, il y avait des gens dont je me suis toujours demandé ce qu’ils y faisaient ! Ils n’étaient ni sportifs, ni politiques, ni du sponsor !… Un jour, un membre de ce comité m’a discrètement dévoilé que j’avais eu la chance d’être de Lessines. Sur le moment, je n’ai pas compris pourquoi il m’avait dit ça : j’avais fait exploser les résultats sur plusieurs épreuves donc pour moi, il n’y avait aucun passe-droit ! C’était clair : la jalousie avait fait son œuvre. D’ailleurs dans la ville, ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir été retenus l’avaient mauvaise car en réalité, les vrais Lessinois étaient très largement minoritaires.

Parmi mes camarades, je me souviens de Marc Vandenhaute, Hendrick Ysebaert, Yves Capron et sa copine Martine, et Luc Durant. L’équipe de Lessines, c’était d’abord un super team. Nous formions un bloc soudé. Tout le monde se battait pour tout le monde alors que nous ne nous connaissions pas tous et que nous n’habitions pas tous la même ville que nous étions censés représenter.

L’entraînement

Une fois recrutés, nous avons eu droit à des séances physiques régulières : deux séances imposées par semaine pendant trois mois. C’était assez tonique pour le peu que je me souvienne. Nous avions des entraînements spécifiques : résistance, endurance, natation, agilité, jeux collectifs… Nous avions aussi des séances de piscine. Tout y était pour que la sauce prenne et c’était imposé. Notre coach était Jean-Pierre Dujardin, un super prof de gym d’Irchonwelz, à une quinzaine de kilomètres de Lessines.

Je dois dire qu’il y avait des différences physiques importantes entre les participants et il était probablement difficile pour le coach de faire un entraînement généraliste trop poussé. Ainsi, Hendrick Ysebaert, policier tout comme moi et Champion de Belgique de judo, ne travaillait pas nécessairement les mêmes composantes musculaires que les nôtres. Sa physiologie ou anatomie n’avait rien à voir avec celle de Marc Vandenhaute, qui faisait de l’athlétisme. Je crois surtout que le coach espérait secrètement que le tirage au sort nous soit favorable dans ce que nous pouvions donner de mieux chacun, dans nos qualités d’athlètes. Et ça, coup de bol pour lui, à Annecy on est tous tombés tip top sur ce qui nous convenait le mieux.

La rencontre avec Denis Pettiaux

Les organisateurs avaient prévenu chaque délégation de la tenue d’une épreuve de funambulisme. Ils ne voulaient prendre aucun risque, il leur fallait un funambule confirmé. Le staff était allé chercher notre représentant dans la ville voisine d’Ath : il faisait déjà partie d’une troupe ou d’une école de cirque. Il s’agissait de Denis Pettiaux, qui est devenu arbitre du jeu par la suite. Il n’a pas dû passer les tests préliminaires et était peu avec le groupe. Denis était quelqu’un de très confiant en lui, un peu exubérant ! Cela colle bien avec l‘image qu‘il donnait quand il était arbitre.

Denis était maître de sa « ficelle ». Il a d’ailleurs gagné son jeu à Annecy. Je le vois encore dans le stade quand il a pris sa « baguette » et qu’il a commencé à presque courir sur le fil qui était bien à dix mètres sur le petit côté du stade. Il devait aller du milieu du terrain jusqu’aux gradins. Il n’y avait plus un bruit dans le stade. C’était franchement impressionnant. Déjà aux répétitions, cela valait la peine. Denis, si je me souviens bien, ne devait plus être avec nous à Belgrade.

Le séjour à Annecy

Je dirais que nous sommes partis une petite semaine. Le car était bondé : des supporters et des parents nous accompagnaient. Tout était très programmé, très chronométré. Une fois arrivés, je me souviens que l’équipe dirigeante était déjà sur place. Nous avons dû passer par l’Hôtel de Ville d’Annecy pour nous faire examiner, prendre nos photos et recevoir un badge et un bracelet que nous ne pouvions absolument pas perdre ou échanger. Je vois encore cette petite salle où nous avons été accueillis. Nous y recevions aussi le dossier des jeux, avec les explications des épreuves… Un tirage au sort a eu lieu quelles épreuves chacun devait faire.

Nous avons aussi assisté à une soirée de prise de contact avec les télévisions, les partenaires, les sponsors, les équipes, la ville hôte… Nous nous sommes échangés des souvenirs. Je suis ainsi revenu avec des fanions mais aussi un cadeau typique de chaque contrée : une cloche de Itingen, des livres, un foulard, une assiette souvenir… J’ai encore certains de ces souvenirs dans ma bibliothèque.

Des visites étaient aussi prévues. Nous avons visité le très beau centre ville, les rues commerçantes. Nous avons même fait une balade en bateau sur le lac et visité une montagne géante voisine.

Au niveau physique, nous avons surtout  fait des exercices d’entretien, notamment des séances de jogging dans les rues proches de notre logement. Je me souviens aussi que nous avons pu nous entraîner dans le stade pour avoir une approche de ce qui nous attendait.

Les autres équipes : adversaires ou amis ?

Je dirais que nous étions dans une amitié féroce. C’était une compétition. Nous étions dans cet esprit. Nous étions conditionnés. À Annecy, nous logions avec certaines équipes mais nous restions entre nous. C’est même dommage car nous aurions nettement pu échanger plus. Je dois aussi dire que nous avions doublement la pression. À Lessines, l’idée des jeux ne faisaient pas l’unanimité. Quand on vit dans un coin morose, on trouve souvent que tout ce qui est positif est peu intellectuel, trop coûteux ou simplement inutile. Donc en partant, l’idée était surtout de ne pas passer pour des rigolos, sinon les Lessinois nous auraient catapultés au fond des carrières. Ensuite, comme certains membres avaient été contestés, ils voulaient tous mieux faire que prévu.

Il faut dire que sur aussi peu de jours, nous n’avions pas forcément le loisir de côtoyer les autres, sauf dans les excursions.

Le coup dur

Malheureusement, Jean-Pierre Dujardin n’a pu assister au triomphe de l’équipe, le nôtre mais aussi le sien. Un jour ou deux avant l’épreuve, l’un de ses parents est décédé et il a été obligé de nous quitter pour rentrer en Belgique. On est tous restés « le cul par terre » : je me souviens que nous sommes tous partis à pied ou à vélo de l’internat où nous étions logés, vers le lac. On a failli ne pas participer. Nous nous sommes assis à quelques uns au bord du lac et nous avons fait un silence très très long. Je vois encore les filles en pleurs… À notre retour, nous avions la rage, nous n’avons pas baissé l’échine… en grande partie pour Jean-Pierre.

Le jour J

Les jeux avaient lieu en soirée, dans le stade d’Annecy. Un beau petit stade à l’époque : entre 5000 et 8000 places et c’était bondé ! Les jeux étaient éparpillés tout autour du terrain de foot. Lorsqu’on a défilé pour prendre place dans le stade avec une tenue aux couleurs belges et avec l’insigne de la Ville de Lessines, on a eu le poil qui a dressé. Nous étions les représentants de notre pays. Lorsque j’ai fait les jeux mondiaux de la police à Stockholm (Suède), c’était un peu pareil.

Je n’ai jamais eu le trac. Je voyais bien le stade plein à craquer, les caméras un peu partout mais je n’ai jamais eu à l’esprit que nous étions regardés un peu partout en Europe par des millions de téléspectateurs. Ah oui, ce qui est aussi génial avec les Jeux, c’est le jingle de l’Eurovision avant chaque émission. C’est tellement caractéristique : tatatatata tatatata tatatata

Le pire moment de l’émission, ce fut mon propre jeu. J’étais habillé en gugusse, sur un carrousel, avec un drapeau en main. Avec des chaussures en mousses grandioses qui empêchait de courir et de sauter correctement, je devais tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et face à chaque plot des adversaires, je devais sauter une espèce de truc en mousse de plus de soixante centimètres. Le carrousel est tombé trois fois en panne. À la troisième, j’étais encore présent avec un seul concurrent. Nous avons attendu assez longtemps. D’autres jeux ont été réalisés le temps de réparer et ensuite j’ai pu terminer l’ouvrage. Ce jeu était fatiguant comme un jeu de chaises musicales : plus vous restez, plus vous devez résister et recommencer. Quand j’ai fait mon épreuve, je ne sentais plus mes jambes, je sautais au-dessus des obstacles sans m’en rendre compte.

J’ai gagné. J’avais trouvé un truc pour mieux courir. Les fameuses bottes en mousses était normalement portées avec des baskets mais il était permis de jouer pieds nus : c’est ce que j’ai fait. Je poussais alors mon pied tout au fond et j’ai couru avec le devant du pied : comme ça, rien ne m’embêtait dans la course.

Lire la seconde partie des souvenirs d’Arnold

Propos recueillis par Sébastien Dias

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2 Réponses »

  1. Grand François!

  2. salut françois
    cela m’a fait drole de lire tes jeux ,tu m’as formé au sluc de 71 à 75 ,on s’est ensuite croisé au bj je preparait l’ EIS
    et j’ai fait les jeux aussi en 82 avec LE CANNET ROCHEVILLE
    que de bons souvenirs !!
    si tu lis ce message tu peux me joindre ; ce sera avec plaisir de parler du bon temps

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