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Arnold, ancien champion, raconte ses « Jeux sans frontières » (2ème partie)

8 fév 2011 • Catégorie(s) : Mon JSf à moi : fans et anciens candidats

« Mon JSf à moi », c’est un coup de projecteur sur tous ceux qui ont participé à « Jeux sans frontières ».
Arnold, ancien candidat belge, a accepté de nous faire partager ses souvenirs de l’émission.

Vous souhaitez nous raconter vos « Jeux sans frontières », écrivez-nous !

En 1981, Arnold a été sacré champion à Annecy avec ses coéquipiers de l’équipe belge de Lessines, aux côtés d’un certain… Denis Pettiaux, devenu arbitre international de « Jeux sans frontières » dans les années 1990. Avec cette première place et 45 points, Arnold et ses camarades décrochent leur ticket pour la finale organisée à Belgrade, en Yougoslavie. Moins chanceux, ils terminent cet ultime match en dernière position avec 19 points.

Lire la première partie des souvenirs d’Arnold

La victoire à Annecy

Au final, nous avons presque tous gagné notre jeu et par là-même les « Jeux sans frontières » à Annecy. Sans compter qu’on a fait un max de points ! Sans le savoir, car cela n’était pas notre préoccupation première, c’est notre ville qui a été retenue pour la finale à Belgrade en Yougoslavie. Je ne sais d’ailleurs pas comment l’encadrement a pris ça ! Gagner, c’était bien mais leur faire le coup de la finale, cela ne devait pas être prévu dans le programme ni … dans le budget !

Quand nous avons gagné, nous avons été invités sur le podium. Il y avait peu de places. Et pourtant, nous y sommes tous montés. Nous avons balancé Guy Lux et Simone Garnier entre le podium et les décors. Ils hurlaient à la mort après nous… Je les entends encore comme si j’y étais. Je  me suis marré rien qu’à voir la tête qu’ils faisaient. J’avoue que nous avons agi comme des sauvages, mais nous avons vite été pardonnés. C’était un grand moment.

Ensuite, nous avons tous couru comme des fous pour un tour d’honneur sur la piste du stade. J’en avais mal aux pieds car la plupart d’entre nous avait oublié de remettre ses chaussures. Nous avons rejoint nos supporters et nous sommes montés sur les grillages. Mieux qu’après la victoire d’un Anderlecht / Standart [le "classico" du Championnat de foot belge, comme un Paris-Saint-Germain / Olympique de Marseille en France, NDLR] ! Cela gueulait de partout. Il y avait une telle foule que je n’ai pas reconnu tout le monde. Mais je me souviens encore de Roger Losterman, Jean Spitaels et Jean-Marc Bouchonville, venus en voiture : ils allaient s’étouffer tellement ils criaient !

Mais après cette soirée très mouvementée, je ne vous dis pas dans quel état nous étions et celui des dortoirs : on y a tous mis le feu jusqu’au matin ! Et pas que le feu : je parlerais bien aussi d’eau, de mousse… La totale.

La recette du succès

D’abord, des gens physiquement très complets et au top pour la plupart. N’oubliez pas que nous avions des filles en nombre quasi égal car c’était obligatoire et une bonne partie d’entre elles étaient également au top.

Ensuite, une volonté d’aboutir à un résultat honorable de par la nouveauté d’une telle situation. On visait à éviter la dernière place mais quand on a vu que nous gagnions les jeux les uns après les autres, cela a servi d’émulation aux autres et nous avons quasiment tous gagné notre jeu.

Enfin, les bonnes conditions d’accueil. On était dorlotés, nous n’avions rien à penser, tout était fait comme pour des athlètes qui vont aux Jeux Olympiques ! Nous avions même des supporters lessinois en nombre sur place.

Retour triomphal

Au retour d’Annecy, c’était les fêtes du « Cayoteu » à Lessines. C’est une grande kermesse en plein air avec musiques, cortèges, courses cyclistes où durant dix jours les gens s’amusent. Le jour des « Jeux sans frontières », ils avaient mis un grand écran au Théâtre de verdure. Plus de 1000 personnes sont venues. Mes parents m’ont expliqué que lorsque nous avons gagné, ce fut l’hystérie collective. Il y a eu un tel bazar en ville qu’on aurait cru que c’était le jour de la fête nationale !

À notre arrivée en car, il faisait déjà nuit et pourtant, nous avons traversé le champ de foire au pas : il y avait du monde sur plus de cinq cents mètres. Au Théâtre de verdure, nous avons eu peine à descendre ! Les gens voulaient nous toucher, nous remercier, nous féliciter. Un grand moment d’émotion. Lorsque j’ai vu mes parents, ce fut un moment d’immense joie. Nous avions le sentiment, avec nos petits moyens de petite ville de 16000 habitants, d’avoir mis à l’honneur notre contrée. Cela a duré plus de deux heures : tout le monde était euphorique. C’est peut-être le plus grand moment de ces Jeux. Je ne dirais pas de ma vie mais celui-ci en fait partie.

La sélection pour Belgrade

J’ai failli ne pas partir à Belgrade pour la finale. Je m’étais blessé et j’ai été obligé de cravacher ferme pour revenir rapidement. J’ai dû repasser un test à la piscine de Lessines. Je devais traverser la piscine en marchant sur des tapis de mousse espacés les uns des autres. Au premier coup, personne ou presque n’y était parvenu, sauf moi. J’ai donc pu continuer la préparation. Avec le recul, ça me fait bien rire car j’ai failli me ramasser la paroi vitrée dans la tronche. Cet exercice était dangereux.

Pour cette deuxième participation à Belgrade, nous avons eu un programme très intensif avec du sport et beaucoup plus de piscine car nous savions que cela se déroulait principalement sur l’eau.

Belgrade : séjour surprise

Nous sommes partis en avion en Yougoslavie. On peut dire que c’était une fameuse expédition. Nous sommes arrivés à l’aéroport de Zagreb et nous avons fait la route en car. J’ai vu dans les regards de la délégation que tout le monde se posait des questions. Autant c’était l’euphorie en France car nous connaissions la langue, le mode de vie, l’alimentation, la région… mais là, nous étions dans un pays communiste et cela se ressentait. De l’aéroport à la ville de Belgrade, nous n’avons circulé que dans la steppe, il n’y avait rien à voir.

Une fois arrivés en ville, c’était lugubre. Il y avait des militaires et peu de monde sur les trottoirs ; ça m’a marqué. Les bâtiments étaient très anciens et très noirs. De l’extérieur, l’hôtel ressemblait à ces énormes bâtisses du début du XXème siècle. Il se trouvait à deux pas du domaine où il y avait les jeux : une grande piscine entourée d’un parc. Il y avait des mitraillettes sur le toit d’une des annexes ! À l’intérieur de l’hôtel, c’était très classe et luxueux : du tapis partout – dans les escaliers, des colonnes marbrées, des bois incrustés sur les murs, un garde à chaque bout de couloir.

À notre arrivée, nous avons eu un accueil phénoménal dans la salle de restaurant. La nourriture, typique, n’était pas top… on ne pouvait pas tout avoir. Cela ne faisait pas nos affaires. Nous n’étions pas habitués à ce type d’alimentation. Chaque délégation, staff et gens de la télévision, était à la même table : je vous laisse imaginer la grandeur des tables ! Chaque table était superbement garnie et le drapeau du pays se trouvait au beau milieu. Chaque pays avait ce dispositif et logeait dans le même hôtel que le nôtre. Pourtant, même si nous mangions et logions tous dans le même hôtel, nous n’avons pas été plus proches avec nos adversaires qu’à Annecy.

Les visites : régime sec !

Autant à Annecy c’était programmé, autant à Belgrade c’était encadré. Et le mot est bien ce qu’il est. Pendant les cinq jours sur place, je ne me souviens pas d’être sorti de l’hôtel sauf pour me rendre aux entraînements. J’ai vu la ville de loin et quelques trams passer.

Nous avons eu droit à quelques visites. La première en groupe était destinée au mausolée de Tito. On entre dans un parc avec des gardes armés partout. On passe en rang d’oignons sous un porche, on fait face au mausolée de marbre blanc et on en ressort toujours avec une escorte armée de l‘autre coté du parc. Faut pas trop rigoler : c’est du sérieux ! D’ailleurs, la photo de Tito était partout : dans l’hôtel à chaque coin de porte, dans le stade, à l’aéroport, dans le dancing de fin de jeux… Partout et presque toujours la même photo en noir et blanc : la soixantaine, des lunettes pas belles mais solides. On entendait l’hymne yougoslave à chaque tournant. Yougoslavia Yougoslavia… j’ai encore l’air en mémoire.

Ensuite, nous avons eu droit à une visite en bateau sur le Danube avec un repas à bord. C’était magnifique. Je n’ai rien vu d’autre. La météo n’était pas brillante. Il a fait un rien froid et humide mais malgré tout, la Yougoslavie reste un super souvenir, hors du commun. Les pays de l’Est étaient critiqués à l’époque mais tout avait été fait pour que cela se passe bien.

Chronique d’une défaite annoncée

Au niveau des jeux, même processus : photos, badges, bracelets, tirage au sort… Là, nous avons vite compris que nous allions vers la catastrophe. Jean-Pierre Dujardin était de retour avec nous. Il n’a pas fallu qu’il nous parle, on avait compris. Je pense que nous avons été trop fatalistes dès que nous avons eu nos épreuves tirées au sort. Tout le monde s’est retrouvé avec un truc qui ne lui convenait pas. Celui qui nage moyennement se retrouve avec deux jeux d’eaux. Le très bon nageur se retrouve avec deux jeux de force… Comment s’en sortir ? Je dois bien avouer que nous avons bien pensé à échanger les bracelets mais ce n’était pas dans l’esprit des Jeux. Par la suite, nous avons eu des doutes sur d’autres équipes qui, visiblement, n’avaient pas été aussi fair-play que nous.

Pour ma part, je faisais un jeu et le fil rouge, une espèce de pieuvre « merdique » (sic) sur laquelle nous devions monter en un rien de temps. Ce fut l’hécatombe. Cela glissait tellement que nous ne sommes jamais parvenus à faire l’exercice. D’autres équipes grimpaient comme s’ils avaient des piolets aux mains. Bizarre ! Je me vois encore dans l’eau avec d’autres, nous barbotions sans pouvoir faire quoique ce soit. C’était horrible. Je vois encore nos regards perdus, tristes, impuissants. La douche froide.

L’autre jeu s’appelait le barbier, je crois. Nous étions deux. Martine Capon, la femme d’Yves, poussait un barbier géant sur un plan incliné. Ce barbier était équipé de ballons et je devais les faire éclater, si je me souviens bien avec un rasoir géant équipé d’une pointe. Moi-même j’étais retenu par un gros élastique à la ceinture. Quand le barbier était lancé, je devais être synchro avec ma montée face à lui. Cela n’a pas fonctionné. Avec l’élastique, c’était très dur. J’arrivais toujours en retard ou alors Martine ne lançait pas assez fort. Nous n’avons pas fait de miracle… et les autres non plus. Nous allions de déception en déception. Le moral en a très vite pris un coup.

Cela me reste encore au travers de la gorge aujourd’hui. Nous aurions dû nous battre plus. Nous n’avions pas la même hargne qu’à Annecy : en France, nous jouions pour la gagne ; à Belgrade, l’important, c’était de participer.

Après les jeux, tout le monde s’est éparpillé, le moral n’était pas au beau fixe. Nous avons terminé avec quelques uns dans le dancing de l’hôtel avec la délégation française d’Issy-les-Moulineaux. Nous partagions le bas du tableau. Rien de bien brillant, alors on a noyé notre chagrin ensemble.

Notre retour en Belgique a été morose. Nous n’avons eu aucun accueil. On remercie les gagnants mais on ignore les perdants. Cela m’a marqué, c’était pénible. En outre, certaines mauvaises langues ne retenaient que la défaite de Belgrade et plus du tout la victoire qui avait justement permis d’aller en finale. Nous avons tous subi cette situation durant plusieurs semaines.

Les présentateurs

Nous voyions les présentateurs, mais ils avaient autre chose à faire et nous aussi.

À Annecy, nous dormions dans un dortoir d’internat mais à Belgrade, nous étions tous dans le même hôtel. Paule Herreman est venue nous encourager. C’était une gaillarde. Elle avait un physique qui en imposait. Je la vois encore avec ses robes en grande taille, ses cheveux un rien ébouriffés, du maquillage assez coloré aux yeux et une voix qui portait. Par ailleurs, elle parlait un langage francophone très clair et avait une culture générale d’enfer. Elle était polyglotte et très érudite. Une vraie personnalité. Un jour, à Belgrade, elle était dans le hall de l’hôtel, on entendait qu’elle. Elle aimait bien boire un petit coup. Elle a passé une ou deux soirées avec le staff et je pense qu’ils s’en souviennent encore ! Il n’y avait pas d’excès mais que de bons moments.

Je me souviens également de Guy Lux et de Simone Garnier… Ceux d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux-là. Pas la peine, ne cherchez plus, même chez vous en France, il n’y a plus d’équivalent. Il faut bien dire aussi que les présentateurs faisaient tout. Ces gens savaient vous faire rêver, vous envoûter.

Le mot de la fin

J’ai bien sûr gardé des contacts avec certains participants de l’époque. Bien entendu, ils ont tous pris leur voie car au moment des jeux, nous étions des adolescents ou jeunes adultes. Certains habitent encore dans le coin, d’autres ont quitté la région ou bien d’autres sont décédés. Je veux juste rappeler quelques uns d’entre eux. Hendrick Ysebaert est toujours policier. Marc Vandenhaute est ingénieur. Yves Capron est devenu prof de gym ainsi que sa compagne, Martine. Jean-Pierre Dujardin est toujours en pleine forme : ancien prof de gym, il est maintenant retraité. Arsène Labiau est décédé. La vie fait son œuvre.

On n’a jamais pensé à se retrouver. Ce serait pourtant un super truc à faire. Mais je pense que Belgrade a laissé des traces. Le ressort était cassé. Je pense que nous avons tous ramassé un sérieux coup de pelle sur le crâne et on a plus voulu en reparler. De temps en temps, encore aujourd’hui, quand je vais dans des foyers lessinois – je suis policier, des gens me parlent encore des Jeux en positif. Je leur raconte une petite anecdote. Les plus jeunes, eux, ne connaissent pas ou alors confondent avec « Intervilles » !

Propos recueillis par Sébastien Dias

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Une Réponse »

  1. Grand François!

  2. salut françois
    cela m’a fait drole de lire tes jeux ,tu m’as formé au sluc de 71 à 75 ,on s’est ensuite croisé au bj je preparait l’ EIS
    et j’ai fait les jeux aussi en 82 avec LE CANNET ROCHEVILLE
    que de bons souvenirs !!
    si tu lis ce message tu peux me joindre ; ce sera avec plaisir de parler du bon temps

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